Le Languedoc réussit bien aux Massicois. Après Narbonne et Carcassonne, c’est au tour de Béziers de chuter deux ans après pour la seconde fois en deux matchs au stade Ladoumègue.
Disons les choses franchement. Après trois victoires besogneuses à domicile et l’absence de BD rapporté de Colomiers, où les Massicois, toujours amputés de nombreux blessés, avaient vus de nouveaux joueurs rejoindre leur infirmerie, on se disait que le dauphin biterrois du classement serait probablement un morceau un peu gros à avaler, les joueurs revenant de blessure risquant de manquer de rythme pour un tel match.
Comme à chaque match de la saison, le staff massicois avait du innover et aligner sur la feuille de match des joueurs inédits ou presque : Andrew Chauveau, Antoine Gomez et Jean-Baptiste Di Martino que l’on n’avait pas encore pu voir jouer cette saison. Plus les « revenants » Erwan Iapteff (un demi-match lors de la première journée) et Ed Thrower plus vu depuis longtemps. Sans oublier Mani Vakaloa et Latuselu Vaïlea en mode reprise accélérée, ni Jawad Guedourri qui a repointé à nouveau le bout de son nez. Avec les absences de Moli et de Mihaï Macovei (ce dernier pour cause de sélection), cela devient une telle habitude qu’on commence à considérer Sekou Macalou comme un grognard du Ladoumègue… Ce sont 9 joueurs (39%) des 23 de la feuille de match qui sont passés par la formation massicoise.
Les nouveaux venus méritent tous un coup de chapeau pour n’avoir en rien dépareillé aux côtés de leurs coéquipiers, bien au contraire. Côté infirmerie, espérons qu’elle finisse par bien vouloir se vider. Pas de chance pour Erwan Iapteff qui, si j’ai bien compris, s’est blessé un autre ligament du même genou. Pour Dylan Diemer, qui est sorti en souffrant apparemment de pubalgie, on en saura plus bientôt. Concernant les futurs revenants que j’ai croisés, on pourrait voir le retour (peut-être en Espoirs pour certains au premier match) d’Aubin Mendes et de Martin Purdy lors des deux prochaines journées. Robert Lilomaïava dans un mois. Pour Olivier Chaplain, ce sera toujours probablement décembre ou janvier. Wilfried Rodrigues probablement dans deux mois… Pas de nouvelles fraîches de Dadou, Mario Sagario, Judicaël Cancoriet, Bakary Meïte, Vakhtangi Akhobadze, Benoît Denoyelle.
Dans ces conditions, quand on a vu la puissance dégagée par l’équipe biterroise en première mi-temps, assortie d’une belle maîtrise de leurs schémas de jeu qui leur permettaient d’arriver en véritables vagues à l’assaut du camps des Massicois, avec une charnière titulaire énorme dans la vista et la conduite du jeu, on a bien cru que la vaillance déployée défensivement par les « Bleu et Noir » ne suffirait pas. Je pense que le décompte des plaquages (et le calcul du taux de réussite) vaudrait son pesant de cacahuètes. Ajoutons deux pénalités sur le poteau au cours du match côté Massy et beaucoup trop de ballons tombés ou rendus facilement, tant la pression héraultaise se faisait puissante. Les Massicois ne doivent qu’à une solidarité sans faille et à une très belle discipline le fait de ne concéder que 4 points de retard à la mi-temps. Face à des Biterrois agressifs dans les rucks, solides et truqueurs en mêlée, les « Bleu et Noir » ont du se repaître de miettes lors du premier acte, d’autant que chaque ballon grapillé (mention bien pour Sekou en touche) était le plus souvent non seulement gâché rapidement, mais également à l’origine de turn over à haut risque. Inévitablement, à force de subir, faute dans un ruck et carton pour Dylan. Et là, on a pu comprendre ce que nos adversaires des saisons dernières avaient ressenti quand, certains de leurs forces, les Massicois préféraient choisir mêlées et pénaltouches aux trois points des pénalités… et que (parfois) cela ne marchait pas. Pourtant, on aurait pu penser que la puissance des joueurs de l’ASBH allait finir par s’imposer. Mais en ce dimanche, la défense massicoise a vraiment mérité qu’on lui tresse des lauriers. No pasaran ! Eh oui, il ne faut plus maintenant croire qu’à Massy, c’est toujours journée porte ouverte. Les barbelés étaient de sortie.
Quant à la seconde mi-temps, on a compris de suite en voyant les Massicois revenir sur le terrain deux minutes avant leurs adversaires qu’ils voulaient réussir l’entame et mettre en place les bons conseils donnés par le staff à la pause. Apparemment, il ne fallait pas paniquer vu le faible écart au score mais réussir à mettre la main sur le ballon et surtout l’écarter plus vite, les Biterrois nous faisant trop de misères dans le jeu au près. On a vu alors les touches déviées directement lors du saut sur le relayeur sans plus passer par des groupés pénétrants. On a vu également le jeu lent après regroupements s’organiser un peu plus loin qu’au ras. Lancé plus rapidement, le jeu massicois pouvait alors se mettre en place et les mouches changer d’âne. C’est bien ce qui s’est produit et peu à peu les joueurs de Béziers ont pris le dessous dans les duels. 13 points à zéro en seconde mi-temps tout de même ! Evidemment, au bout du 368ème renvoi joué sur lui, Mani a bien senti le coup et nous a gratifiés d’une magnifique faëna. Et comme souvent dans ces matchs au couteau, il n’a pas fait le geste de trop 60 mètres plus loin en décalant parfaitement notre arrière le long de la touche pour un essai de bien belle facture. Bravo à Ed Thrower qui a fait un sans faute sur ce match et a parfaitement senti le coup pour traverser tout le terrain et se placer idéalement en soutien sur cet essai.
Malgré un banc impressionnant (excepté la charnière pas au niveau des titulaires), Béziers n’aura jamais réussi à reprendre l’ascendant sur nos héros du jour. Et leur volonté jusquauboutiste de finir par nous broyer leur a même fait négliger la pénalité sous les poteaux qui leur aurait permis de revenir à 6 points. Ce n’est pas leur inutile rage agressive, croissante au fur et à mesure qu’on se rapprochait du terme de la partie qui aura changé grand-chose. Les Massicois ne se sont pas laissé marcher sur les pieds, mêmes les longilignes de 19 ans ! Il faut dire que les 1925 spectateurs du Ladoumègue (record de la saison) se sont utilement reveillés au vu des intentions massicoise du deuxième acte et ont joué efficacement leur rôle de seizième homme jusqu’au coup de sifflet final. On a pu lire qu’après les trois défaites de 2 ou 3 points en forme de bizutage, le staff avait fait travailler les fins de matchs au couteau. Apparemment, les joueurs ont bien retenu les leçons. La remontée massicoise relativement rapide les a obligés à jouer 30 minutes avec un avantage au score à préserver, un quart d’heure avec 9 points d’avance. Ce qu’ils ont su faire avec brio… et l’aide du junior Davit revenu sur le pré pour la dernière série de mêlées défensives à cinq mètres lors des cinq ultimes minutes de la partie.
Quelques accessits, évidemment toujours très subjectifs. Datchi Kuparadze, à gauche, à droite, en-dessous, au-dessus, devant, derrière, il est (bon) partout. Fernando Lopez a su tirer son épingle du jeu sur certaines mêlées. Davit à son niveau, qu’en dire ? Erwan Iapteff pas de bol. Joachim Algisi très présent au combat. Le tonnage de Mike Tadjer a fait du bien la dernière demi-heure. Pablo Huete visible et à son avantage pendant 80 minutes. Andrew Chauveau a fait étalage de sa puissance pendant une heure et a bien consolidé l’édifice avant d’être remplacé par Jawad Guedourri étonnant joueur de moins de 20 balais. Sekou Macalou est en train de devenir indispensable. Christophe Desassis a été bon mais a eu pour une fois quelques ratés. Shalva Sutiashvili a remué pas mal de viande et Antoine Gomez a fait ce qu’il devait sur la fin. Benjamin Prier a fait en titulaire sa meilleure apparition de la saison et Greg Coudol a bien contribué à gérer l’avantage au score. Adrien Latorre aurait fait une fois encore un match superbe si les poteaux n’avaient décidé de faire baisser son taux de réussite. Mehadji Tidjini, pour une première en tant que capitaine, a rayonné dans tout ce qu’il avait à faire. Antoine Ratinaud n’a pas cédé un pouce de terrain et sera tellement plus chou avec sa nouvelle balafre sur le front. Jean-Baptiste Di Martino a fait sans faute ce qu’il fallait. Dylan Diemer a été un peu moins en vue que d’habitude, ainsi que Latuselu Vaïlea après sa rentrée. Mani Vakaloa a jailli comme un diable hors de sa boîte pour faire marquer les points décisifs et a joué avec la sobriété qu’il fallait. Et pour finir, Ed Thrower a fait comprendre pourquoi il avait un si beau pédigrée, n’étant jamais pris en défaut au cours de cette partie.
Et donc voilà, avec une quatrième victoire à domicile dans l’escarcelle, les « Bleu et Noir » sont toujours dans la course, remontant même à la douzième place de ce championnat très relevé, alors que presque toutes les équipes de bas de tableau ont gagné ce week-end. Après une super soirée à la bodega (cela devient une chouette habitude depuis que le centre de formation a pris les choses en main), il est l’heure de faire les comptes. Si on pense que la suite ne peut qu’être plus fructueuse avec le retour des blessés, cela vaut le coup de regarder ce que les survivants ont déjà réussi après un tiers de la saison : quatre victoires à domicile sur 6 matchs et deux BD, cela fait trois point par match et cela donne 45 points à domicile en projection à l’identique. Ajoutons un point de BD pour quatre déplacements et, proportionnellement, le total serait déjà de 49 points à la fin de la saison. Pas si mal pour un club qui a cumulé les handicaps du promu et un nombre inédit de blessés. Mais une victoire en déplacement chez un récent champion du top14 ferait tellement bien sur notre tableau de chasse, qu’il est impossible de ne pas croire en nos chances dès le week end prochain.
Quand on pense que le RCME a été créé en 1971, année à la fin de laquelle le « grand Béziers » soulevait un bouclier de Brennus, on peut vraiment prendre le temps (cela tombe bien je fais le pont) de savourer ce magnifique résultat qui en appelle d’autres de la même teneur.
ALLEZ MASSY !!
Dernière modification par Massy-pas les autres... (10/11/2014 11:21:18)