L’amertume provoquée par les conditions de cette défaite m’a incité à nouveau à prendre le temps de digérer un peu avant d’écrire.
Alors commençons par une citation de l’article du Midol du jour : « Le match nul devait être une logique conclusion. Mais l’arbitre a décidé d’offrir à Albi une pénalité franchement déplacée juste après la sirène, sur une intervention au sol très propre de Massy. » Eh oui, l’arbitre du match contre Pau ne siffle pas une des 5 fautes visibles sur la video LNR lors de la dernière action de la partie, nous privant ainsi de la balle de match, mais celui d’hier n’a pas hésité pas à en discerner une qui nous prive de notre premier match sans défaite. Selon que vous serez puissant ou misérable … comme dans la fable de Jean de la Fontaine. Pas question pour autant de stigmatiser plus avant l’arbitre qui n’a pas fait un mauvais match par ailleurs. Trop facile de chercher des raisons à la défaite de ce côté-là alors que nous avions vraiment les moyens de remporter cette partie.
Continuons par les regrets qu’on peut avoir. D’abords on laisse filer 12 points au pied quand Peluchon enquille à chaque occasion. Malheureusement, cela fait trois matchs qu’on ne profite pas de toutes les garanties que devrait nous apporter notre buteur. Alors qu’il est coutumier des points grandes distances, il ne veut pas tenter une pénalité de 55 mètres à un moment où elle aurait fait du bien (et au vu de notre prestation en touche, un renvoi éventuel aux 22 en cas d’échec n’aurait été pire qu’une pénaltouche perdue). On fait une erreur (touche non trouvée par un centre et ballon qui revient par une chandelle parfaite), on se fait contrer au saut en troisième rideau pour la réception et Albi compte 3 joueurs en soutien pour récupérer la gonfle contre aucun autre Massicois. Un seul réel moment d’inattention suivant une erreur : 7 points. A 13 partout, un 3ème ligne gâche bêtement 3 points en jouant à la main sous les poteaux, alors même qu’Albi était revenu en place. Et quand un renvoi aux 22 de filou joué par le demi-de-mêlée devrait se poursuivre 20 mètres et deux passes plus loin par un ailier mis en orbite sur les 40, la dernière passe est mal ajustée car donnée sans regarder. Contrairement au Midol qui met un accessit à un ailier pour sa rentrée d’après blessure, je trouve qu’on a trop souvent essayé de relancer en mauvaise posture et on ne doit qu’à l’énergie dépensée par ses soutiens de n’avoir pris de points sur ces actions jouées près de notre ligne. Alors qu’on a plané sur la touche lors des 2 premiers matchs, on perd trois touches offensives dans les 22 albigeois. Alors qu’on domine miraculeusement la mêlée dans l’ensemble malgré l’hécatombe de blessés, on en perd une en très bonne position sur la fin. On n’arrive plus en ce moment à initier nos fameux groupés pénétrants. Mais surtout, on loupe la touche en étant trop gourmands sur une pénalité à la 88ème, qui nous aurait permis en jouant chez les adversaires de conforter le match nul, voire d’obtenir la pénalité (ou le drop, ou l’essai) de la gagne.
Cette énumération, c’est pour finir de me convaincre que la principale raison de cette défaite tient à nous seuls, quels que soient la prestation arbitrale, le niveau adverse ou la composition de notre formation affaiblie par les blessures.
Après, il y a également ce qu’on ne peut que difficilement se reprocher : comment pourrait-on attendre de deux avants de plus de 37 ans de tenir 80 minutes avec la même intensité ? A un moment il faut bien faire rentrer les joueurs du banc. Même si on sait qu’ils n’ont pas le même niveau sur phase statique, ils peuvent courir et se battre dans les rucks. Pas de chance si se joue peu après une mêlée offensive qui aurait pu être décisive. Pas d’étonnement non plus à ne pas voir les Bleu et Noir dominer physiquement la fin de match avec des joueurs qui ne peuvent souffler et d’autres qui reviennent de blessure mais n’ont pas encore le rythme.
Ensuite, il y a les satisfécits, nombreux sur cette partie. D’abords on met pour le moins en difficulté le leader du classement qui n’est pas venu en ayant fait vraiment tourné son équipe. On a vu (Midol) : « une très belle défense, disciplinée, solide et maîtrisée et leur détermination offensive à défaut de créer des brèches a provoqué des fautes (…)mais le buteur n’a pas su mettre la chose à profit ». Je n’ai pas relevé dans les messages depuis le match qu’on a eu une très bonne discipline et qu’on n’est tombé dans aucun des pièges tendus par l’incertitude du résultat final. Pourtant on a eu quelques belles scènes de pilonnage des Albigeois, notamment après la rentrée de leur n°8 titulaire. L’engagement, la volonté des Massicois, l’absence de relâchement pendant tout le match (sauf sur l’essai encaissé). La détermination qui les empêche d’abandonner le navire une fois menés 10 à 0 et que les affaires paraissent bien mal embarquées. On sent que les joueurs sont conscients de leur responsabilité, jouent l’un pour l’autre et ne se laissent pas démoraliser sur le pré autant que nous par la cascade de blessures.
Côté individuel, je tire mon chapeau à Datchi qui n’avait jamais été titularisé de sa vie à gauche de la pile (et son bref passage en cours de match contre Périgueux s’était vite soldé par un repositionnement au talon). Il a pourtant largement dominé les 140 kgs du droitier albigeois que l’on présentait comme la révélation de la proD2 à ce poste, avant qu’il croise la route de Monsieur Kuparadze. Après sa prestation majuscule en finale de Fédérale 1 et son très bon match contre Pau, Datchi va en étonner plus d’un cette saison. Pour ce que j’en ai vu, ce n’est pas William Bonnot qui prend la marée lors de la dernière mêlée, mais un problème de timing. Davit a fait preuve de… longévité, ce qui n’étonnera personne, mais Akhobadze n’a pas été en dedans sur la fin. Les talonneurs ont fait leur match (sauf sur certains lancers en touche ?). Les 2ème et 3ème ligne ont fait leur boulot, mais entre les retours de blessures et l’usure des deux premiers matchs, ils n’ont pas pu mettre la surmultipliée dans les 5 dernières minutes. Le manque de lucidité de Shalva, qui coûte 3 points et en fait perdre 3 autres, est à mettre en rapport avec ses 80 magnifiques minutes de folie jouées en n°5 à aimé Giral, 6 jours plus tôt. Greg fait à nouveau un très bon match et Adrien Latorre confirme ses bonnes dispositions. Au centre, on n’a pas créé de brèches mais on ne s’est pas fait percer par la belle armada albigeoise qui était à la fête jusque là (même à l’extérieur). Ce n’est pas rien. Aux ailes, on a du punch, de l’envie, reste à trouver le juste moment pour tenter et celui pour donner de l’oxygène au pied. Quant à Eoghan, si on ne peut lui reprocher ses échecs au pied, j’ai pour ma part le sentiment que contrairement à ses coéquipiers, il ne fait pas preuve d’un total engagement, et c’est bien ce qui m’ennuie le plus.
J’oublie le must de la semaine, le coup de chapeau que je veux tirer aux entraîneurs, Viktor pour la mêlée notamment, mais également pour les rucks, Olivier pour réussir à nous bâtir une équipe aussi performante que celle-ci malgré les difficultés et à leur donner un plan de jeu qui aurait dû aboutir à la victoire. Parce que tout à l’amertume de cette défaite de la 81ème minute, on en oublierait presque qu’on se demandait en début de semaine ce qu’on allait bien pouvoir aligner de cohérent et de crédible face au leader en pleine bourre. Le jour où je saurais faire la même chose, je leur donnerais des leçons de coaching !
Alors pas question de minimiser la gravité de la situation au classement et des deux échecs à domicile, mais on peut effectivement sans faire l’autruche remarquer qu’on a joué les 3 premiers du classement, qu’aucun ne nous a mis le BO, même devant 10 000 spectateurs, qu’on a réussi à chaque fois à remporter le BD à domicile (qui cette année est plus délicat à engranger). Avec l’hécatombe en cours, et les moyens financiers limités dont nous disposons pour trouver des jokers performants, on pourrait être bien plus mal que cela. Là on sent qu’on est dans le coup, on sait qu’il reste 27 matchs pour remonter, qu’on finira bien par ne plus être décimés, qu’on aura plus de fraîcheur en fin de partie en ayant la possibilité de faire tourner, notamment les vieux guerriers. Aucune raison de ne plus y croire. D’autant que désormais on sait qu’il ne faut pas tarder pour remplacer des blessés et que sont annoncés pour les tout prochains jours le pilier argentin et l’arrière gallois.
A la lueur de l’expérience d’il y a deux ans où on avait remportés les deux premiers matchs à la maison (Aix et Béziers) et ramassé deux raclées à l’extérieur, avant de perdre à domicile contre le SCA, on vit le paradoxe de se savoir en bien meilleure posture, alors qu’on n’a pas réussi à décrocher d’aussi bons résultats pour le moment. Pas d’inquiétude mortifère, çà va viendre… J’en suis persuadé.
Finalement, malgré l’énorme déception, on a pu profiter de cette excellente et inédite initiative du pôle formation du club et déguster de délicieux tapas arrosés de gouleyante sangria. Dans une famille, on vit tous ensemble les bons moments comme les (un peu) moins bons…
Dernière modification par allez Massy (08/09/2014 13:55:59)