« Je lance un signal d’alerte » : la région veut-elle vraiment d’un grand club de rugby professionnel ?
Cet article met en lumière les difficultés financières de l’Olympique Marcquois Rugby, en lutte pour son maintien en Nationale. Le président, Olivier Gradel, y expose un modèle économique à bout de souffle et appelle à l’arrivée d’un actionnaire fort pour sauver le projet professionnel.
Oui, le club arrive au bout de son modèle économique — mais cela était prévisible depuis longtemps.
Un budget structurellement déséquilibré
Sur un budget de 2,8 M€, la répartition est la suivante :
900 k€ de subventions (32 %)
1,1 M€ de partenaires privés (39 %)
200 k€ de billetterie (7 %)
600 k€ de déficit (24 %)
On ne peut pas prétendre devenir un club professionnel en reposant majoritairement sur des subventions… et du déficit.
Pour être compétitif en Nationale, il faudrait viser un budget d’environ 4 M€. Cela impliquerait 1,8 M€ de déficit, soit 45 % du budget, un niveau totalement ingérable.
En revenant à un fonctionnement “normal”, en bon père de famille, on aurait environ 2,2 M€, soit à peine 100 k€ de plus que Tarbes. Avec ça, on ne gagnera pas un match en Nationale. Le club risque de suivre la trajectoire de Cognac-Saint-Jean-d’Angély : lourdes défaites, perte de partenaires, puis difficultés même en Nationale 2, voire en Fédérale 1.
Redescendre pour reconstruire
Il faut envisager une descente pour repartir sur des bases saines :
viser l’équilibre financier (voire un léger excédent),
reconstruire un projet sportif cohérent,
se fixer une ambition long terme réellement atteignable.
Cela passe aussi par la promotion des joueurs formés au club : Pollet, Bina, Nazet, Abou, Soubirou, De Clercq.
Redescendre pour reconstruire
Certains joueurs recrutés ont peu joué, ont déçu ou sont sur la fin : Paulino, Mazosive, Bordoli, Iglesias (qui, selon moi, n’est pas un n°1 s’il n’est pas blessé).
Il faut privilégier le long terme, comme l’a fait Pau, en misant sur des jeunes joueurs pour maîtriser la masse salariale. On en a des exemples réussis : Rendé, Bruges, Ortiz, mais aussi Antunes, Fleming.
Les meilleurs recrutements ont été des jeunes de moins de 25 ans, avec une marge de progression.
Les “points forts” avancés dans l’article… à relativiser
Pas de concurrence rugby dans le Nord
C’est un point négatif : cela montre qu’on n’est pas une terre de rugby, ni en formation, ni en terme culture.
La plupart des clubs de Nationale sont dans des régions rugby et proches de clubs professionnels (Albi/Castres, Périgueux/Brive, Massy/Stade Français, Chambéry/Bourgoin/Grenoble, etc.) avec un maillage de club de tout niveau.
Un public fidèle entre 2 500 et 3 000 personnes
Avec deux opérations à 10 000 personnes, cela signifie plutôt 1 500 spectateurs sur les autres matchs. L’engouement est à relativiser.
Une formation performante
Les Espoirs n’ont gagné aucun match et il n’y a pas de passerelle réelle avec l’équipe première.
10 % de Belges au stade
10 % de 1 500 spectateurs… ça ne change pas la donne.
Projet de centre de formation européen
Aucun sens si nous n’arrivons pas déjà à former des joueurs capables de jouer en Nationale dans la 4ᵉ agglomération de France.
Parler de Belgique/Pays-Bas : pourquoi pas. Mais la Roumanie ou la Pologne : totalement incohérent.
Les politiques “pas assez convaincants”
C’est discutable : si le club avait plus de visibilité et une meilleure gestion, il attirerait plus naturellement des partenaires.
Le LMR avait su décrocher par le passé des contrats importants : Sita Nord (200k/an), Dalkia, Nacarat, etc.
La MEL veut un club pro dans chaque sport. Elle aide au démarrage, mais cela crée des déséquilibres et, souvent, des faillites. Elle porte donc aussi une part de responsabilité.
Un problème de gestion interne
Le club est mal géré depuis longtemps. On touche aujourd’hui les limites en termes de compétences, d’expertise, de gestion financière et de communication.
L’article laisse penser que la faute vient des entreprises et des politiques, mais jamais du club. Pourtant, la réalité est là :
le club a du mal à remplir le stade,
peine à convaincre de nouveaux partenaires,
maîtrise mal ses coûts.
Ce n’est pas nouveau : on a déjà connu des épisodes similaires, notamment lors du refus de participation aux phases finales de Fédérale 1 (fonds propres négatifs, retard administratif, puis pétition pour se dédouaner…).
En début d’année, le président parlait même de Top 14.
Comparer avec Vannes : deux modèles opposés
Il dit s’inspirer de Vannes… mais fait l’inverse.
Vannes : comptes positifs, réinvestissement intelligent, vision sur plusieurs décennies.
OMR : dépendance à une levée de fonds, dépenses pour du court terme, rotation permanente de joueurs, absence de stratégie long terme.
Les résultats obtenus l’ont été en dépensant de l’argent que le club n’avait pas. Sans cela, l’OMR serait en Fédérale 1.
C’est facile de parler de structuration quand on utilise l’argent d’investisseurs, pas celui de partenaires qu’on fidélise.
Dernière modification par RuckMaster (03/12/2025 17:25:54)