lu sur l'excellent site boucherie ovale un commentaire sur cette jolie période des transferts
On moque souvent le discours préformaté de nos amis pousse-citrouille (qui sont forcément des idiots – que serait le rugby sans ce bon gros complexe de supériorité par rapport au football) et les « l’important c’est les trois points » et autres « on a mouillé le maillot » répétés ad nauseam aux micros de journalistes dont les questions sont pourtant toujours très inspirées. Mais pendant qu’on s’entête à chercher la poutre du pack pour faire une fourchette à nos voisins, on finit par oublier de déblayer devant notre porte.
Car oui, il faut le dire, de plus en plus le rugbyman invente à son tour sa propre novlangue. Autrefois spontanés et naturels, nos idoles des prés adoptent de plus en plus un discours prémâché par leurs entraîneurs. Rendons d’ailleurs hommage aux deux professionnels de la langue de bois (pour ne pas dire foutage de gueule) que sont Guy Novès et Pierre Berbizier.
Heureusement qu’il nous reste Pascal Papé…
Pour vous, la Boucherie Ovalie a donc décidé de recenser les plus belle perles du genre, et mieux, vous en révèle leur sens caché…
LES TRANSFERTS
Ici, un agent de joueur en pleine période de mutation génétique.
« Je voulais passer un palier. »
J’en avais marre de ce bled merdique, j’avais envie de doubler mon salaire et de vivre dans une ville où les boîtes de nuit restent ouvertes après 23h. Un joueur peut néanmoins réellement vouloir passer un palier, notamment pour consolider/gagner sa place en Equipe de France. Généralement pour ça il signe à Toulouse ou Clermont. S’il signe à Toulon, soit il se fout vraiment de votre gueule, soit il est très naïf, comme Mathieu Bastareaud ou Alexis Palisson.
« Je voulais découvrir une autre culture, un autre rugby. »
Pour un joueur de l’hémisphère sud : Ma carrière internationale est derrière moi, je suis considéré comme une sous-merde dans mon pays local depuis que je suis le 7ème choix à mon poste en sélection, mais je deviendrai un Dieu Vivant en Top 14 en l’espace de deux semaines tellement le niveau est faible. Le tout en triplant mon salaire.
Exemple : Luke McAlister, Luke Burgess, Chris Masoe, Brock James…
Je crois que j'avais fait le tour des KFC de la région parisienne, j'avais besoin d'en visiter de nouveaux.
Pour un joueur britannique : Je vais quand même pas me faire chier à jouer dans un bled paumé du Pays de Galles ou de l’Angleterre, alors qu’en traversant la Manche je vais pouvoir doubler mon salaire, aller à la plage, me taper de la bonnasse et continuer d’être sélectionné en Equipe Nationale malgré tout.
Exemple : James Haskell, Mike Phillips, James Hook…
Contre-exemple : Jonny Wilkinson qui parlait déjà français, savait cuisiner le coq au vin et avait lu l’intégrale de Balzac avant de signer à Toulon.
« La France, c’est le pays du french flair. Le jeu est beaucoup plus aéré, laisse plus place à l’initiative, je voulais expérimenter ça. »
Mon agent a voulu toucher un gros % sur ton transfert et m’a montré des vidéos du championnat de France 1996 pour me convaincre de signer en France.
Si tu joues ailier, tu peux déjà aller prier pour toucher plus de 4 ballons cette année.
« Nous sommes très intéressés par les qualités de ce joueur. »
On a proposé à une star de venir jouer dans notre club pourri, mais il a refusé. On fait du bruit pour que les supporters rêvent un peu, et parce que personne ne connait le joueur qui viendra à sa place.
« Je ne sais d’où vous tenez cette rumeur de transfert, nous ne sommes même pas en contact avec lui. »
Il a signé.
« D’après , aurait signé à .”
a été vu dans un café dans un rayon de 50 km de par un journaliste de
Ou alors :
reste dans son club, mais son agent sait comment faire monter les enchères pour le renouvellement de contrat.
« C’est un entraîneur expérimenté.»
C’est un entraîneur qui a dû gagner un titre de second plan à une époque lointaine et a peut-être décroché une place en H-Cup sur un coup de bol. Mais vu qu’en moyenne il parvient au mieux à maintenir son club dans le ventre mou du championnat, voire exceptionnellement à le sauver d’une descente, et qu’il fait souvent son pot de départ dans une salle de tribunal, on s’étonne de le savoir dans le circuit depuis si longtemps et de voir des clubs continuer à l’embaucher.
Exemple : Seigne, Faugeron, Elissalde.
« Le départ s’est réglé à l’amiable.»
Quelqu’un a lâché 500.000 euros et personne n’a fini à l’hôpital.
Grâce à sa rupture de contrat à l'amiable, Byron Kelleher a pu s'acheter un ticheurte.
XXX a visité les installations de YYY.»
IL a visité la salle de muscu, a rencontré la fille du président et s’est fait remettre une enveloppe à la fin du rendez-vous.
« On a décidé de faire appel à quelqu’un qui connaissait bien la maison. »
Si on avait pu se payer Jake White ou Graham Henry, ça nous aurait pas dérangé, mais comme on a plus une thune on fait revenir la vieille gloire locale, qui a pas un diplôme certes, mais avec un peu de chance les joueurs qui avaient déjà un abonnement Canal+ il y a 10 ans seront vachement impressionnés par son aura de vieux guerrier.
Exemple : Ugo Mola à Brive, Bernard Goutta & Manas à L’USAP.