Plus que la défaite à Mâcon (30-23), c'est l'incapacité des Neversois à s'adapter aux circonstances et au jeu des Mâconnais qui inquiète. Ils ont encore beaucoup à apprendre pour être une belle équipe de Fédérale 1.
Qu'a dit Jean-Baptiste Rué à ses joueurs à leur retour aux vestiaires dimanche ? « Rien? J'ai vérifié qu'il n'y avait pas de blessé. Je me suis douché et je suis parti. » Le manager général neversois avait, encore hier matin, du mal à digérer son après-midi à Mâcon. Plus que la défaite (30-23) assortie du bonus défensif, c'est la manière dont le groupe a réagi pendant le match qui l'agace (le mot est faible).
« Il y a des choses qu'il faut régler entre nous. Là, on n'avance plus [?] Certains se laissent vivre. »
Passion. Le contexte de cette rencontre était particulier. Outre qu'il s'agit d'un derby bourguignon, il marquait le retour à Mâcon de Guillaume Jan, évincé de l'ASM à l'issue de la saison écoulée, après avoir fait monter l'équipe en Fédérale 1. Ce n'est pas non plus un secret que certains ex-Chalonnais, aujourd'hui Neversois, ne portent pas dans leur coeur leur ancien entraîneur, Jean-Henri Tubert, désormais sur le banc mâconnais?
Tension. Il y avait donc de la tension dans l'air et c'est pourquoi Jean-Baptiste Rué se fait, lui aussi, des reproches : « Guillaume (Jan) était trop dans le passionnel. Étant, mine de rien, celui qui a le plus d'expérience, j'ai fait l'erreur de pas être sur le bord du terrain (*). Il aurait fallu remettre les joueurs dans l'axe et montrer plus de sérénité. On a un groupe en apprentissage et nous aussi, le staff, on fait des erreurs. »
Tous les Neversois savaient ce qui les attendait au stade Émile-Vannier : un gros défi physique devant avec une bonne dose de provocation sur un terrain lourd ne facilitant pas le jeu en mouvement. Ils n'ignoraient rien de la valeur du pack mâconnais dans les phases de conquête.
Naïveté. Le scénario était écrit, mais ils ont été incapables d'en changer une ligne, alors qu'ils menaient à la pause (13-12), puis après l'essai de Vincent Haouari (20-15 à la 43e'). D'une naïveté surprenante dans les mêlées fermées, systématiquement tournées par les Mâconnais (qui récupéraient ensuite l'introduction), ils ont commis énormément de fautes au sol qui ont causé leur perte (Roudière a marqué les 30 points de Mâcon, grâce à dix pénalités sur douze tentées).
Candeur. « Si tu fais tourner volontairement la mêlée, tu es pénalisé », rappelle Rué. « Il y a trois ou quatre pénalités qui auraient dû être sifflées en notre faveur. Et si tu es dominateur, tu avances dans l'axe pour marquer ton territoire. Il n'y avait pas d'emprise mâconnaise, c'est du vice? Nous, on a des joueurs plein de candeur et une équipe bien positionnée pour gagner le challenge du fair-play. C'est bien d'avoir un bel état d'esprit, mais? Tout le monde s'attendait ce que "ça parte en sucette", on met notre jeu en place (avec essai de Rémi Stolz à la clé à la 7e') et ensuite, on s'endort. »
Mental. Comme on l'avait déjà constaté à Dijon (défaite 19-12), l'USON a du mal à répondre présent dans le combat et c'est plus une question de mental que de puissance physique.
Les Usonistes ont deux semaines pour en tirer les leçons et préparer la venue de Massy (le 21 novembre au Pré-Fleuri), autre grosse écurie de la poule, vainqueur de Dijon (18-12) dimanche. Ils se déplaceront ensuite à Orléans, qui a battu Montluçon dimanche (12-9), soit deux matches qui peuvent permettre de dégager une tendance pour la suite.
Tournant. « Soit on se sert de ce match à Mâcon pour rebondir et il n'y a rien d'alarmant, soit on ne sait pas se remettre en question et on va vivre trois ou quatre mois très compliqués », prévient Rué.
(*) Jean-Baptiste Rué était interdit de banc de touche jusqu'au 4 novembre suite aux incidents ayant émaillé le huitième de finale de Fédérale 2 perdu par l'USON contre Suresnes.