Je ne peux pas chanter la Marseillaise. La fin du refrain ne passe pas mes lèvres, je ne peux pas chanter "qu'un sang impur abreuve nos sillons" C'est comme les saintes écritures, je sais que l'intelligence recommande de prendre de la hauteur avec ce qui a été écrit à une autre époque, dans un autre contexte, de ne pas prendre le texte à la lettre mais comme une parabole. N'empêche, ça ne passe pas. C'était un chant guerrier, les passages critiquables sont légion au fil des vingt-cinq couplets de l'opus complet, mais à mes yeux ces mots insupportables sont la "substantifique moelle" de la "Marseillaise commune", celle que chantent le peuple et ses représentants. Je n'entre même pas dans les doctes explications sur le sens réel du "sang impur", ce qui compte, ce qui pèse, c'est la façon dont ces mots sont communément compris. Le sang, c'est l'origine de l'autre, et le qualifier d'impur est soit raciste, soit xénophobe. Et c'est par ces mots, par "qu'un sang impur abreuve nos sillons" que se terminent les manifestations de patriotisme, et c'est cet extrait (la fin) qui est relayé par les médias audiovisuels. Le mouvement "Charlie" s'est se retrouver malgré nos différences sur des valeurs fondamentales, c'est la main tendue, c'est le respect de l'autre. La Marseillaise n'est pas Charlie... La modification en tout ou partie de l'hymne national, ça revient régulièrement (cf sur l'épisode de l'an dernier)et à chaque fois ça tourne en jus de boudin, en récupération politico-médiatique et en affrontement stérile, qui n'aime pas la Marseillaise étant supposé ne pas aimé la France. J'ai vu déjà une page s'ouvrir sur un réseau social pour réclamer un nouvel hymne. Je ne suis pas d'accord. La Marseillaise est dans nos gènes. On lui reproche d'être guerrière, d'appeler "aux armes". Mais le crayon, l'expression, l'indignation sont des armes magnifiques ! Il n'y a que le "sang impur" qui entache vraiment la "Marseillaise commune". "Qu'un _ _ _ _ _ _ _ _ on", ces huit syllabes ne doivent quand même pas être impossibles à remplacer ! Hier dimanche 11 janvier, en hommage à Charlie, on aurait pu chanter le couplet "des enfants" (entre parenthèse quelques paroles inappropriées quand même): Nous entrerons dans la carrière Quand nos aînés n'y seront plus, Nous y trouverons leur poussière Et la trace de leurs vertus (2x) Bien moins jaloux de leur survivre Que de partager (leur cercueil), Nous aurons le sublime orgueil De les (venger) ou de les suivre