« Le haut niveau par le RCS »
Jean-Luc Dubois fait face dans la tempête que traverse le RC Strasbourg : le club est pérenne à ses yeux. Photo – archives DNA
Dimanche, le dernier de Fédérale 1, le RC Strasbourg, reçoit l’avant-dernier, Montluçon. Au préalable, Jean-Luc Dubois s’exprime sans ambages sur tous les sujets sensibles.
Vu les divergences de vues, est-il envisageable que Philippe Braem ne finisse pas la saison ?
- Philippe Braem a toujours honoré ses engagements et son départ du club n’a jamais été évoqué. Sa méthode ne plaît pas forcément à tous les joueurs, mais pour l’instant, les clés du camion, c’est lui qui les a. Forcément, dans la tourmente, tout le monde est à la recherche d’un bouc émissaire, président, dirigeants, entraîneurs… Mais les supposées divergences avec l’encadrement ne sont que des bavardages de bas étage.
« L’accompagnement financier n’a pas suivi »
Nous avons décidé de mettre en place une direction collégiale. Ce comité de gestion a souhaité faire un audit – en cours – auprès des joueurs et de l’encadrement. Pour l’heure, nous ne pouvons que nous réjouir de l’attachement qu’ont les joueurs pour le club.
- Philippe Braem estime que le club est en train de réduire à néant tout ce que le secteur sportif a mis en place depuis trois/quatre ans..
- Ce qui réduit, peut-être à néant, selon Philippe, le sportif, c’est l’accompagnement financier qui n’a pas suivi le niveau requis par un engagement en Fédérale 1. Philippe nous avait prévenus des conséquences de ce grand saut, mais les joueurs voulaient vivre cette aventure gagnée sur le terrain, et nous les avons suivis.
L’encadrement des jeunes est densifié avec la venue de Lilian Estrade et de Jean-Jacques Bos, un intervenant remarquable au niveau des minimes. Il souhaiterait s’intégrer dans une structure de haut niveau au sein du club, mais il sait parfaitement que le patron, c’est Philippe, jusqu’à nouvel ordre. La progression du club reste pérenne. Bien entendu, une locomotive qui évolue en Féd. 1 est une vitrine, c’est en ce sens que l’on peut dire que l’on marque le pas. Philippe n’intervient pas au quotidien sur le terrain auprès des jeunes, mais donne la marche à suivre via des réunions de concertation, donc le travail de fond est bien en place.
- Tous les joueurs ont-ils accepté la baisse de 30 % de leurs indemnités ?
- Oui. Bien entendu il y a des adaptations individuelles, car chaque joueur a des obligations.
- Un budget se calcule sur des promesses. Mais vu les résultats, et la crise, les engagements des partenaires peuvent être revus à la baisse. Le club est-il en danger financièrement ?
- Nous faisons tout pour que le club ne le soit pas, par des apports des dirigeants, par un soutien accru de partenaires privilégiés qui croient en l’aventure du haut niveau en Alsace. Le Comité Alsace de Rugby qui accepte un étalement de notre dette en est le plus bel exemple et nous l’en remercions. Mais je précise qu’il y a quelques années, le RCS a laissé pendant quatre ans près de 30000 € dans les caisses du CTAL -j’en étais le président – pour soutenir la trésorerie de quelques clubs en difficulté. La solidarité en ovalie n’est pas un vain mot, tant sur le terrain qu’en dehors.
Si les joueurs, eux, ont accepté un effort, c’est qu’ils ont perçu que le haut niveau passait par le RCS. Certains joueurs pros ont quitté le club, pour évoluer à un plus niveau sportif et pour nous permettre de soulager notre trésorerie. Mais ces joueurs n’ont qu’un seul désir, celui de revenir à Strasbourg. Ils se reconnaissent dans notre cité et dans notre club.
- Outre la sanction sportive à venir, le club court-il le risque d’être rétrogradé administrativement ?
- Nous ferons tout pour rassurer la DNACG, avec documents et engagements à l’appui pour rester au niveau sportif acquis sur le terrain.
- Media Sport Promotion (MSP) est loin des prévisions en termes d’apport. Où en est-on ?
- Nous avons signé un contrat de partenariat où MSP s’engageait à augmenter notre « merchandising partenaires ». MSP n’a réalisé que 20 à 25 % des objectifs. Ceci est dû en partie à la crise économique mais aussi au manque de connaissance du terroir alsacien. On ne peut pas faire un « copier coller » de la région lyonnaise – où les résultats de MSP sont probants – à notre région.
- Est-il vrai MSP n’interviendrait que pour un tiers dans le sponsoring, ce qui réduirait d’autant son efficacité, et surtout sa responsabilité dans la situation financière actuelle ?
- Le club a demandé à MSP de conserver la paternité des partenaires déjà en place – partenariat négocié directement par le club – ce qui a été accepté mais ne les dédouane en rien dans leurs investigations.
- La présence de MSP, prévue pour dix ans, pourrait-elle être remise en cause ?
- Les dirigeants de MSP sont, comme nous, des personnes passionnées mais aussi responsables. Nous aurons une discussion avec eux, pour définir une nouvelle stratégie. Ils ont des idées, nous aussi.
-Êtes-vous confrontés à des réactions de la ville de Strasbourg ?
- Avec les élus et les services techniques de la Ville, nous n’avons que de bonnes relations. Les difficultés de cette saison font partie de la vie d’un club (regardons le foot…). La tribune se fera et sera un extraordinaire outil de développement. Je tiens d’ailleurs à remercier nos partenaires privés et institutionnels pour leur soutien. Les dirigeants sont certainement critiqués – et cela depuis la création du club en 1974 – mais tant qu’ils le sont, c’est qu’ils sont présents. Que les détracteurs fassent aussi bien (un titre de champion de France et deux titres de vice-champion de France…). Dans 38 ans, nous serons juste à égalité. J’invite toute personne de bonne volonté à nous rejoindre. La porte n’est pas fermée. Les critiques acerbes formulées anonymement sur tel ou tel site ne sont pas source de progrès. L’assemblée générale qui se tiendra en fin de saison permettra aux membres de l’association de s’exprimer librement. Les personnes revendicatrices auront tout loisir de présenter leur projet.