Amis des assidus du feuilleton tangos,de leurs aventures ovales et ... de l'aspirine, bonjour !
Samedi c'était donc la grand messe chez Georges, rendez-vous printannier des amateurs de rebonds capricieux, graal sportif et juge de paix d'une rivalité factice Drômo-Ardéchoise.
Tout le monde était là, les grands, les petits, les gros, les maigres, les chauvins, les neutres, les connaisseurs, les autres, ceux qui écrivent sur les forums, les supporters, les jaloux, les filles, les garçons, les rouges, les jaunes, les noirs, les verts, les bleus, les blancs et bien sûr, les Tangos.
Nous sommes arrivés pour le dessert (car c'est nous qui devions le préparer) vers 18h45 et le stade était déjà bien imprégné de toutes les joutes précédentes. Nous croisîmes entre le bus et les vestiaires des yeux embrumés, des sourires, des maquillages délavés, des drapeaux sortis, d'autres rangés, bref, quelques signes qui montraient bien que si, pour les Tangos, l'histoire restait a être écrite, pour d'autres, tout était déjà dit... et que cela était d'une futilité désarmante.
Débarassés de la finale Grânoise et du syndrôme de la défaite prématurée, les Tangos abordaient cette finale avec sérénité et certitudes : sérénité du travail accomplit depuis toutes ces dernières saisons et certitudes de jouer contre le rc Guilherand Granges, un adversaire respectable, respecté (aussi pour son travail assidu des dernières années) en pleine forme et au style de jeu ambitieux, bien coachés.
La présence d'ailleurs, à ce stade de la compétition, de ces deux équipes est un témoignage rassurant pour le Rugby et montre bien que le hasard n'a rien à voir la dedans.
Bon, le match :
On va dire que les 2 équipes étaient au complet (bien que si on écoute Pierre, Paul ou Jacques des 2 côtés, il manque toujours le pilier de 115kg qu'a une angine, le géant des flandres de baptême, 2 troisième lignes suspendu injustement et l'arrière funambule au mariage de sa grand mère...)
Je ne sais pas comment les Grangeois ont préparé la rencontre mais je peux vous révéler que les Privadois étaient concentrés, décontractés mais très déterminés.
L'entame fût idéale pour les Oranges adossés a un vent du sud violent (c'est peut-être une des clés du match, erreur stratégique de la part des jaunes et rouges qui veut que par habitude on prenne le vent contre en première mi-temps.) Après une belle conquête, sur la première attaque préfectorale, le déséquilibre fut fait et un tango s'écroula balle en main sous les poteaux (7/0). Contre le vent, il aurait fallut des Grangeois plus forts pour contrer les Privadois bien en place et la défense rouge et jaune céda rapidement une deuxième fois sur une nouvelle attaque pour un 14/0 à la 14ème. Le vent ne permit pas au buteur Grangeois de trouver la mire la seule fois où il en eut l'occasion. Groggy, les rhôdaniens se refirent un peu la cerise et le jeu s'équilibra enfin sur les 10 dernières minutes de la première mi-temps avec beaucoup d'intention de jeu des 2 côtés, pour, je crois, le bonheur des spectateurs plutôt habitués à des finales fermées.
Mi-temps 14/0.
Les consignes Privadoises du temps de citrons (en attendant celui des cerises ...) étaient simples: contre le vent, conservation du ballon (si possible), utilisation du côté fermé, peu de passes et patience et disipline face au probable barroud d'honneur des rouges et jaunes touchés mais pas coulés.
L'entame du 2ème acte fût pourtant quasi identique à la première et les Privadois inscrivirent rapidement un 3ème essai transformé (21/0) à la 44ème. La barre devenait très haute pour des Grangeois un peu désamparés. Malgré une certaine domination territoriale, une succession de fautes Tangos (qui induit un carton blanc d'un de la première ligne) et leur deux essais recompensant une belle débauche d'énergie, cela ne suffit pas, les audacieux Privadois avaient pendant ce temps remarqué une pénalité et encore un essai transformé, sonnant le glas d'une défaite annoncé pour les rouges et jaunes. 31/10 à 10 minutes du terme.
Les Tangos, par un coaching sans faille et par une application de polytechniciens aboutie ont géré cette finale avec maturité, offrant à leur proches un pur moment de bonheur que les hommes savent vivre.
Le coup de sifflet final fût anecdotique tant tout le monde savait depuis quelques minutes de quel côté aller migrer le bouclier. Les bras se levèrent, les enfants se ruèrent au centre du terrain (certains les plus petits, sans trop savoir pourquoi ) Le staff souffla, mesurant le chemin parcouru et le public s'accapara un moment cette victoire, ce disant qu'après tout, il devait bien y être pour quelque chose...
J'aime ça, j'aime quand les hommes deviennent des frères, j'aime quand le projet des uns permet à d'autres de se réaliser, j'aime quand cela se fait sans trop de démesure et dans le plus grand respect d'un adversaire valeureux et fier. C'était le cas hier.
Il est toujours facile d'être fair-play dans la victoire mais je pense sincerement que samedi, sur la pelouse de Georges, il n'y avait que des serviteurs d'un sport admirable qui permet à chaque individu quel qu'il soit d'exister à travers les autres. On parle souvent des valeurs du rugby, sachez qu'elles n'existent pas. Parlons plutôt des valeurs des hommes ... qui jouent au rugby.
Je vais prendre de l'aspirine en ésperant ne vous avoir pas trop saoulé.
Je vous enlace, pensez a rester LIBRES sans oublier que tout ça ne reste que du rugby.
Basgi et LIBERTA
A.P.
Dernière modification par Ange Pastucci (30/04/2012 10:24:15)