Comme les temps sont durs avec cette épîdémie qui nous laisse isolés dans nos maisons, j'ai pensé qu'un peu de souvenirs occuperait notre temps, que ce soit en lisant ou en écrivant les votres. J'ai repris des textes pris sur le forum de mon club, je vous souhaite la bonne santé, prenez soin de vous et de vos proches.
RUGBY PASSION
Ancré au fond de moi le rugby est et restera une partie de ma vie, de l’adolescence à l’âge adulte, jusqu’au troisième âge voire le quatrième si Dieu me prête vie.
Il faut remonter à l’époque où il n’y avait pas d’école le jeudi, certains d’entre nous possédaient un ballon en cuir à lacet ; dès que le temps le permettait nous nous retrouvions au stade, les plus aisés changeaient de tenue dans la buvette en planches, située où sont les tribunes actuelles. Là, personne pour nous apprendre les gestes et les règles, on passait de gagne-terrain en toucher et même en petit match. On tentait de refaire ces mouvements vus le dimanche précédent au cours des parties acharnées qui rassemblaient autour du stade la population du canton. Après la messe c’était le lieu de convivialité des gens, les retrouvailles, le temps de boire un canon ou deux entre copains ou adversaires. Nos mères rouspétaient de nous voir revenir boueux ou avec quelques bleus. C’est à ce moment là que commença pour moi la passion pour ce jeu. Parfois on jouait au basket sur le terrain de la salle des fêtes, mais toujours on revenait à Ernest Chuilon. IL y avait aussi le ski qui commençait à faire son apparition sous l’impulsion de Hans Jeanneret, le Suisse aux sabots, mais çà coutait trop cher. Au Rugby pas de souci sinon de laver les effets, le club fournissait tout.
Le Rugby ce sont les rencontres, les copains, mais encore les gens que l’on n’aurait jamais fréquentés pour toutes sortes de raison et avec qui nous faisions cause commune. Ce sentiment de faire partie de quelque chose de grand, une équipe, un club où chacun apporte ses qualités et ses défauts. Les adversaires craints ou non avec lesquels d’interminables palabres s’engageaient à la fin de parties homériques. La victoire qui faisait redresser la tête et les défaites dont on peut malgré tout être fier. Les joies, les peines, les efforts dans la mêlée, ce jeu pour lequel tout ton corps s’engage, sans retenue, les jambes, les bras, le coup d’œil, la tête (enfin pour ceux qui en avait), l’intelligence avec parfois ces inspirations subites qui te font prendre un trou de souris, passer entre deux adversaires et donner une balle en or à ton partenaire qui deviendra encore plus proche de toi. La troisième mi-temps si réputée dans notre sport, celle où le supporter vient te féliciter ou t’engueuler, voire te conseiller pour la prochaine fois, l’adversaire avec qui tu feras ami-ami, avant le match retour au cours duquel tu espères bien lui mettre la pâtée. Au fur et à mesure que le temps passe la tête est remplie de souvenirs qui s’entassent, les plus marquants viennent facilement au premier plan, mais tu n’oublies pas non plus lorsque ton match n’a pas été de grande qualité.
Puis arrive la fin de ta période de joueur, les premiers temps tu as l’impression que tu pourras faire aussi bien que ceux qui sont sur le terrain, mais il faut se rendre à l’évidence, les jeunes sont mieux formés, plus techniques, mieux entrainés, plus forts physiquement. Et tu les applaudis, tu rugis comme un ours à chaque faute, tu exploses lorsqu’ils marquent un essai. C’est le moment où tu commences à vivre le Rugby par personne interposée. Et puis le temps passe, tes cheveux sont clairsemés, ils sont devenus blancs, ces jeunes que tu t’empresses d’aller voir et encourager chaque dimanche ne savent même pas qu’un jour le petit vieux a été joueur, c’était un battant on ne le dirait pas, pourtant le fait est là. Mais qu’à cela ne tienne, de temps en temps ils ressortent les photos et là on voit bien que nous étions, comme ces jeunes d’aujourd’hui : beaux et forts. C’est sans doute l’approche du centenaire qui nous rend nostalgique on va bien finir par verser quelques larmes.
Enfin je n’oublierai pas d’avoir une tendre pensée pour nos copines ou nos épouses qui acceptaient de nous suivre partout, d’être des confidentes intimes pour ce qui allait bien ou mal. Celles qui ont eu à supporter nos humeurs d’avant et après-match, celles dont le soutien nous a permis de jouer dans les meilleures conditions et qu’on retrouvait avec grand plaisir au bout d’une troisième mi-temps, juste avant la nuit où le sommeil serait agité par un interminable match sans cesse rejoué. On pensait Rugby, on respirait Rugby, on mangeait Rugby, on vivait Rugby. Je crains que la passion ne soit pas prête à s’éteindre surtout après le match contre St Etienne, un comme on en réussi une fois dans sa carrière. Pour en finir de mes divagations nostalgiques je m’adresserai à toutes ces jeunes filles qui viennent au stade, ne craignez pas ces grands gaillards brailleurs et écoutez la chanson : « Ah ! Prenez pour mari un joueur de Rugby … » Pour la suite il se trouvera sans nul doute l’un d’entre eux pour vous apprendre couplets et gestes.
Mars 2009