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Attention : retrouvez les sujets de vos équipes préférées dans le forum clubs.
Nous allons faire évoluer les forums jusqu'au mois de septembre afin de les rendre plus interactifs.
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Comme les temps sont durs avec cette épîdémie qui nous laisse isolés dans nos maisons, j'ai pensé qu'un peu de souvenirs occuperait notre temps, que ce soit en lisant ou en écrivant les votres. J'ai repris des textes pris sur le forum de mon club, je vous souhaite la bonne santé, prenez soin de vous et de vos proches.
RUGBY PASSION
Ancré au fond de moi le rugby est et restera une partie de ma vie, de l’adolescence à l’âge adulte, jusqu’au troisième âge voire le quatrième si Dieu me prête vie.
Il faut remonter à l’époque où il n’y avait pas d’école le jeudi, certains d’entre nous possédaient un ballon en cuir à lacet ; dès que le temps le permettait nous nous retrouvions au stade, les plus aisés changeaient de tenue dans la buvette en planches, située où sont les tribunes actuelles. Là, personne pour nous apprendre les gestes et les règles, on passait de gagne-terrain en toucher et même en petit match. On tentait de refaire ces mouvements vus le dimanche précédent au cours des parties acharnées qui rassemblaient autour du stade la population du canton. Après la messe c’était le lieu de convivialité des gens, les retrouvailles, le temps de boire un canon ou deux entre copains ou adversaires. Nos mères rouspétaient de nous voir revenir boueux ou avec quelques bleus. C’est à ce moment là que commença pour moi la passion pour ce jeu. Parfois on jouait au basket sur le terrain de la salle des fêtes, mais toujours on revenait à Ernest Chuilon. IL y avait aussi le ski qui commençait à faire son apparition sous l’impulsion de Hans Jeanneret, le Suisse aux sabots, mais çà coutait trop cher. Au Rugby pas de souci sinon de laver les effets, le club fournissait tout.
Le Rugby ce sont les rencontres, les copains, mais encore les gens que l’on n’aurait jamais fréquentés pour toutes sortes de raison et avec qui nous faisions cause commune. Ce sentiment de faire partie de quelque chose de grand, une équipe, un club où chacun apporte ses qualités et ses défauts. Les adversaires craints ou non avec lesquels d’interminables palabres s’engageaient à la fin de parties homériques. La victoire qui faisait redresser la tête et les défaites dont on peut malgré tout être fier. Les joies, les peines, les efforts dans la mêlée, ce jeu pour lequel tout ton corps s’engage, sans retenue, les jambes, les bras, le coup d’œil, la tête (enfin pour ceux qui en avait), l’intelligence avec parfois ces inspirations subites qui te font prendre un trou de souris, passer entre deux adversaires et donner une balle en or à ton partenaire qui deviendra encore plus proche de toi. La troisième mi-temps si réputée dans notre sport, celle où le supporter vient te féliciter ou t’engueuler, voire te conseiller pour la prochaine fois, l’adversaire avec qui tu feras ami-ami, avant le match retour au cours duquel tu espères bien lui mettre la pâtée. Au fur et à mesure que le temps passe la tête est remplie de souvenirs qui s’entassent, les plus marquants viennent facilement au premier plan, mais tu n’oublies pas non plus lorsque ton match n’a pas été de grande qualité.
Puis arrive la fin de ta période de joueur, les premiers temps tu as l’impression que tu pourras faire aussi bien que ceux qui sont sur le terrain, mais il faut se rendre à l’évidence, les jeunes sont mieux formés, plus techniques, mieux entrainés, plus forts physiquement. Et tu les applaudis, tu rugis comme un ours à chaque faute, tu exploses lorsqu’ils marquent un essai. C’est le moment où tu commences à vivre le Rugby par personne interposée. Et puis le temps passe, tes cheveux sont clairsemés, ils sont devenus blancs, ces jeunes que tu t’empresses d’aller voir et encourager chaque dimanche ne savent même pas qu’un jour le petit vieux a été joueur, c’était un battant on ne le dirait pas, pourtant le fait est là. Mais qu’à cela ne tienne, de temps en temps ils ressortent les photos et là on voit bien que nous étions, comme ces jeunes d’aujourd’hui : beaux et forts. C’est sans doute l’approche du centenaire qui nous rend nostalgique on va bien finir par verser quelques larmes.
Enfin je n’oublierai pas d’avoir une tendre pensée pour nos copines ou nos épouses qui acceptaient de nous suivre partout, d’être des confidentes intimes pour ce qui allait bien ou mal. Celles qui ont eu à supporter nos humeurs d’avant et après-match, celles dont le soutien nous a permis de jouer dans les meilleures conditions et qu’on retrouvait avec grand plaisir au bout d’une troisième mi-temps, juste avant la nuit où le sommeil serait agité par un interminable match sans cesse rejoué. On pensait Rugby, on respirait Rugby, on mangeait Rugby, on vivait Rugby. Je crains que la passion ne soit pas prête à s’éteindre surtout après le match contre St Etienne, un comme on en réussi une fois dans sa carrière. Pour en finir de mes divagations nostalgiques je m’adresserai à toutes ces jeunes filles qui viennent au stade, ne craignez pas ces grands gaillards brailleurs et écoutez la chanson : « Ah ! Prenez pour mari un joueur de Rugby … » Pour la suite il se trouvera sans nul doute l’un d’entre eux pour vous apprendre couplets et gestes.
Mars 2009
Je continue ???
En lisant ces lignes gamin d'aujourd'ui n'oublie ce que disait "Li Chan Son: "Ecoute ta jeunesse elle fera de toi un homme"
Samedi 28 Mars
C'est la saison 1959/60, pour le cinquantenaire du club une équipe de cadets voit le jour pour la première fois, avec les nombreux jeunes nés en 1943 et 1944. Leur entraineur: un ouvrier sur bois, mais boucher -charcutier de formation et bistroquet en compagnie de son épouse à temps perdu. Vous l'avez deviné c'est le mari de la Daronne, le Gaston Escoffier lui-même. Ses connaissances en Rugby consistent en histoires écoutées derrière son bar. Il a une idée bien précise du jeu: en premier les placages, qu’elles étaient longues les séances auxquelles ils nous soumettaient. Ensuite ne pas avoir peur de son adversaire, tout ce qui est pris aux jambes tombent qu'il soit gros ou petit. Il nous inculque la hargne, le goût du combat et qu'à nul ne plaise, le drôle obtient des résultats avec sa bande de gamins, recrutés dans la rue.
Non seulement des victoires incroyables, mais il réussit à les qualifier pour une poule de trois qui les verra affronter successivement Béziers à la maison et Toulon sur la rade. Le premier match a lieu à St jean devant une assemblée record. Vous pensez Béziers que ce soit les cadets ou les seniors c'est tout de même le grand Béziers et pour l'occasion tout le canton s'est rassemblé autour des barrières, pas de tribunes à cette époque. Le match est terrible, la machine Biterroise bien huilée parvient malgré une défense héroïque à marquer un essai, non transformé. St Jean mené 0 à 3 ne perd pas courage.
En seconde période ils ont la "descente", au repos le Gastounet a vociféré ses conseils. La reprise voit les St Jeannais plus volontaires, plus du tout intimidés et remontés comme des pendules, ils tombent tout qui bouge mais sans parvenir à marquer. Il faut attendre les dernières minutes pour que l'arbitre accorde aux Royannais une pénalité aux 22 m en coin, côté vestiaires. C'est le dernier espoir d'arracher le nul devant des adversaires ô combien supérieurs techniquement. Fanfan Armand pose son ballon, les lacets (du ballon) du bon côté, se concentre, s'élance, botte dans la balle qui s'élève à peine, tous retiennent leur souffle... les joueurs des deux camps, les spectateurs, le Gaston devenu muet, on se croirait au cimetière. Et puis ceux placés côté Lyonne commence à hurler, il le voit arriver droit sur eux ce ballon au cuir déformé, ils lèvent les bras, la rumeur s'amplifie, gagne tout le tour du terrain, c'est gagné il est passé.
Il reste quelques minutes à jouer, les Biterrois ne pourront scorer encore tant la hargne qui habite ces quinze jeunes est immense. L'arbitre siffle la fin, c'est une ovation qui monte, emplit toute la vallée: les gamins ont gagné... enfin presque et devant Béziers encore! Du jamais vu! Ils sont applaudis, portés en triomphe, les buvettes font recette, les tapes sur l'épaule sont amicales, aussi viriles que la satisfaction des supporters. Ils rentrent aux vestiaires et laissent exploser leur joie, leur fierté.
Ils remonteront jusqu'à St Jean bras-dessus, bras-dessous, braillant plus que chantant. Gaston verse des larmes et bombe le torse. Journée mémorable de fin d'hiver1960.
La suite c'est le déplacement à Toulon, mais là c'est la défaite alors nous n'en parlerons pas pour garder au fond de nous tout le bonheur du match contre Béziers.
ntinue ?
Avez-vous connu ce temps-là ? Celui où les formations d'équipe se faisaient dans l'arriière salle des bistrots ou sur un coin de table en mangeant l'omelette, entre amis ???
03 Avril 2009
Rugby d’antan
Ah là là! C'était la belle époque. Le rugby d'antan celui qu'on pratiquait il y a cinquante ans et plus. Malgré notre grand âge on se rappelle encore des épopées glorieuses, des combats homériques, des troisième-mi-temps dantesques. Que c'était beau! Ou plutôt qu'est qu'on était beau! Hein! Qui c'est qui dit que pendant cette période on a rien gagné, ben il a peut-être raison, mais ce n’est pas faute d'avoir essayé quand même.
En ce temps-là la saison démarrait fin Août, le premier entrainement commençait avec un effectif nombreux auquel ne manquaient que les gars encore en vacances, en plus des vieux routards, certains jeunes espéraient intégrer l'équipe première (il n'y avait pas souvent de réserve), tous étaient fringants comme des coqs de combat, prêts à en découdre au plus tôt, aptes à renverser les montagnes. L'effectif était composé pour la plupart des gens du canton, quoique les St Laurentinois ont toujours eu une attirance pour Pont en Royans et ses jeunes filles), ainsi que de celui de la Chapelle en Vercors dont les habitants ont toujours participé de la plus belle des manières à l'histoire du club, d'ailleurs sans se tromper on pourrait ajouter le V à SCR ce serait plus juste.
Voilà la saison débute, l'effectif est là, l'entraineur aussi enfin quand on en trouvait un. Le premier entrainement ne peut pas se dérouler à Ernest Chuilon car les campeurs occupent le terrain et les vestiaires leur sont réservés. Nous on s'entraine dans le champ à côté, celui ou est le camping actuel, maintenant le terrain synthétique, et on galope sur ce terrain inondable, bosselé, au milieu des bouses des vaches qui y ont pâturé tout l'été. Vous me direz qu'un peu de m.... n'a jamais fait de mal à personne, sauf bien sûr lorsque vous y êtes plongés jusqu'au cou.
Enfin tout se déroulait pour le mieux, au bout de deux entraînements on commençait les matches amicaux et à la fin Septembre le championnat serait là. On jouait souvent en quatrième série parce que çà engendrait moins de frais de déplacement, si par malheur il nous arrivait d'entrevoir la montée on se débrouillait pour perdre et rester en quatrième ou troisième série. C'était comme çà.
Pour les entrainements l'assiduité, bien qu'encore en début de saison, n'était pas au rendez-vous. On se retrouvait souvent sept ou huit à courir dans la nuit, plus tard on aurait des lampions nous permettant à peine d'apercevoir le bout de nos chaussures. C'est pour çà que certains n'ont jamais vu plus loin que le bout de leur nez (je rigole). A l'entrainement vous avez les purs, parcourant inlassablement le tour du terrain et derrière les barrières en plus, d'autres consciencieux quand même font les tours, mais à l'intérieur des barrières, quant aux derniers ils tournent sans fin au ralenti autour du centre du terrain, ils pourraient s'endormir et tourner sans peine, un fil invisible les rattache au centre, par contre ce sont les plus épuisés à l'issue de la séance. Après on entame la répétition des lancements de jeu, la tactique ... mais à sept c'est difficile, l'entraineur crie bien un peu mais rien n'y fait; et puis il y a les incontournables dont on ne peut se passer, qui viennent quand ils le décident eux-mêmes.
Les matches de championnat attirent une foule importante de spectateurs, surtout si on a des résultats, c'est pareil aujourd'hui. Il y avait aussi les conseilleurs, pareil aujourd'hui, les mécontents, idem, les toujours contents, rien n'a changé sur ce plan là. Par contre les déplacements voyaient l'effectif fondre comme neige au soleil, les jeunes étaient contents, çà leur permettait d'intégrer l'équipe, mais souvent on jouait en nombre réduit. La belle époque je vous dit.
Le jeu!! Vaste dilemme. Les plus doués jouaient pour eux, de vraies tenailles et ils t'engueulaient encore. Les règles te permettaient en ce temps-là de dégager en touche de n'importe quel coin du terrain, on ne s'en privait pas et comme les en-avant étaient nombreux on passait son temps en mêlées et en touche, l'ouvreur à cette époque était plus une serrure qui se contentait de dégager le plus loin possible; Par contre le paquet souverain il fallait le respecter. D'abord choisir le terrain était impératif, avoir la montée en première mi-temps était primordial, vu l'intensité des séances d'entrainement seule la descente en seconde période pouvait nous permettre de gagner. Deuxième chose : éviter de faire courir les gros en leur faisant traverser le terrain dans la largeur, lorsque vous vouliez trouver une touche il fallait que ce fut prêt de la ligne où ils se trouvaient. Hein que c'était la belle époque !!!
Le plus difficile pour le coach, c'était la période de chasse, dès qu'une troupe de sangliers était signalée, les licenciés Nemrod fonçaient dans la forêt, on se demande s'ils avaient le temps de quitter les crampons. La période d'hiver aussi était aléatoire au niveau de l’effectif, certains se trouaient être frileux subitement.
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Et bien mes aïeux, je ne suis pas en train de vous faire l'éloge de ce temps-là et si je l'appelle la belle époque c'est un peu par dérision, aussi pour lancer un clin d'œil ironique à ces vieux de mon âge qui semblent ne pas se souvenir de tout.
Mais au-delà de tout çà le club a vécu parfois bien, parfois mal. Il s'en est malgré tout tiré et avec les honneurs. Venir jouer à St Jean était considéré par nos adversaires comme une épreuve insurmontable et cette tradition perdure encore aujourd’hui. Lorsque St Etienne est venu cette année leur entraineur leur avait recommandé de se méfier, l'esprit combatif du Royans Vercors n'est pas une illusion et eux comme les autres s'en sont rendus compte à leur dépens.
Et si dimanche pour les Laboureurs on parvenait à enterrer les espoirs Chambériens, et pourquoi pas ? Pourquoi pas ?
Voilà c’était le Rugby d’antan et malgré tous ces inconvénients j’y ai pris du plaisir
Et connu nombre d’amis.
Pour ce qui est du résultat SCR-Chambéry, aucune surprise le premier de poule est venu gagner sur nos terres 62-31 à l’issue d’une partie comme je n’ai jamais connu et jamais revue, 9 essais à 5, le public était enthousiasmé, je me suis même surpris, après match à aller féliciter les joueurs Chambériens pour leur prestation. C’est même un plaisir de perdre devant une telle équipe et un tel jeu.
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C’est tellement bon de se rappeler ces souvenirs de jeunesse !
2 Avril 1909
Cadets d’une autre époque, suite
Revenons pour un temps sur la fameuse équipe des cadets de la saison 1959/60.
Ce jour de Pâques 1960 le club fêtait ses cinquante ans, le match de gala prévu opposerait Romans à Vienne à 15h. Quel public ce jour-là massé autour des barrières, oubliés les vêpres, oubliées les parties de cartes ou de boules, oubliées la pêche, les morilles que sais-je encore ?
Ils étaient tous là, c'était noir de monde, les buvettes ne désempliraient pas jusqu'à la nuit.
Comme nos cadets avaient obtenu de bons résultats, le Gastounet (Escoffier vous l'avait deviné) eurent le privilège de jouer en lever de rideau. Pour l'occasion on mit en jeu la coupe Martini contre le réputé RCRP (RC Romanais-Péageois). Les deux équipes du moment se rencontraient sur le terrain du glorieux SCR.
Montés comme des pendules les cadets des deux équipes n'attendaient que le coup de sifflet pour en découdre. En attendant les petits St Jeannais se préparaient dans leur vestiaire, enfin comme vestiaire ce jour-là ils eurent droit à l'usine Bonnet, mais ils n'avaient que faire de poser leurs vêtements sur les déchets de bois, qu'importait d'avoir à se laver ensuite à l'eau du canal. Ils n'avaient qu'une chose en tête: remporter cette coupe.
Le match débuta mal puisque après quelques mêlées ils durent se passer des services du pilier droit plié en deux par son vis-à vis, par contre dans leurs rangs les St Jeannais avaient un atout majeur: un trois-quart aile possédant une vitesse phénoménale, un petit détail quand même, on était obligé avant chaque rencontre de lui dire de quel côté il fallait aller poser le ballon et derrière quelle ligne, le reste avec sa vitesse stupéfiante (champion Dauphiné-Savoie du 60 mètres) le reste n'était qu'une formalité. Enfin nous ne rentrerons pas dans les péripéties du match, d'abord nous n'en avons pas le souvenir exact. Même le score on s'en fout, seul le résultat compta puisque la valeureuse équipe du RCRP fut défaite et on empocha la coupe Martini.
Cette coupe fut bien entendu confiée à Gaston Escoffier qui la mit en évidence derrière son bar. L'année suivante elle serait remise en jeu. Hélas l'année suivante le SCR n'eut pas assez de jeunes pour former une équipe cadets. Il allait falloir rendre la coupe chèrement gagnée. Le Gaston devint, nerveux, puis agressif, puis pensif. Et enfin il sut ce qu'il allait faire pour conserver ce trophée. C'était simple comme bonjour il la garderait tout simplement, prétextant qu’une fois gagnée c'était gagnée, la coupe ne nous appartenait même plus à nous les cadets, elle était devenue sienne, sa chose. A partir de ce moment-là il l'afficha moins en vue au cas où ??? Sait-on jamais ? Quelqu'un de bien intentionné aurait pu la lui dérober.
Aujourd'hui, cinquante ans après qu'est-elle devenue ? Nous n'en savons rien. Cinquante ans après, çà n'a pas d'importance, mais quand même ! Maintenant décédé on suppose qu'il l'a emportée avec lui dans sa tombe, mais on ne sait pas car même St Pierre ne l'aurait jamais vue. Dans une autre vie, peut-être acceptera-t-il de la remettre en jeu ?
En attendant garde la bien au chaud et lorsqu'on te rejoindra nous pourrons encore l'admirer en jetant d'en haut un coup d'œil sur les cadets d'aujourd'hui qui ma foi nous font bien plaisir.
Allez à plus!!!
« La chose admirée attise la tentation
Celle cachée brise l’envie »
Li Chan Son
Une histoire pour Pépé le cent
Jeudi 2 Avril 2009
Salut Pépé, comme tu nous as incités à raconter nos petites histoires en voici une!
La vieille (l'association SCR fondée en 1909) avait déjà soixante ... je calcule ... 66 ans), çà nous fait faire un bon en arrière et nous nous retrouvons en 1975 pour le dernier match des poules de troisième division. Les équipes seniors se déplaçaient à Chambéry, tiens donc, Chambéry! Est-ce un hasard de parler de ce match? Non c'est une coïncidence et si les seniors de la une se déplaçaient en Savoie pour la victoire et assurer la qualification, ce fut chose faite. Pour l'heure nous ne parlerons pas des équipiers premiers mais de l'équipe réserve.
Cette histoire me fut racontée par un supporter qui ce jour-là fit le déplacement pour le dernier match de poule.
Avant de démarrer il faut faire quelques précisions concernant l'équipe réserve de ce temps-là et certainement toutes celles qui ont suivi. Vous avez des joueurs plein de promesses pensant avoir leur place en équipe fanion mais n' y accédant jamais, ceux qui ont la chance d'y jouer mais qu'on a rétrogradé injustement à leurs yeux et que vous ne voyez plus depuis, quelques juniors ayant joué un match le samedi mais insatiables de rugby, ajoutez encore ceux qui ont peur des déplacements périlleux (il y en avait je vous assure), et enfin les réalistes toujours fiers de porter leur maillot, disons plus simplement qu'ils aiment le rugby à n'importe quel niveau où il se joue. Nous allons aussi rajouter les nombreux blessés de cette saison-là qui ont contraint l'entraîneur Hugonnard à puiser dans les juniors et la réserve pour alimenter son équipe fanion.
Donc ce jour-là à Chambéry on vit l'équipe des « sans grade » entrer sur le terrain avec le nombre minimum pour jouer le match, c'est à dire 11 joueurs. Imaginez un peu: 11, pas d'arrière, pas d'ailiers, pas de flankers. L'entraîneur de l'époque, Hubert L., plutôt accompagnateur qu'entraîneur, ne leur fit pas de grand discours dans les vestiaires, il leur demanda simplement de montrer leur détermination et qu'au moins pendant un quart d'heure ils n'encaissent pas d'essai. On mit l'ailier jusqu'alors roi de l'interception monter en tronche, le trois quart aile passer à la mêlée ... ainsi de suite ... c'est dire qu'avant d'entrer aux vestiaires ils étaient abattus et déçus par leurs soi-disant copains, absents pour l'occasion.
On ne sait si le discours du père L. dans les vestiaires, (lui-même retenu par la force des choses en première), ou s'ils avaient absorber du viandox, communié avant de partir, enfin on vit des fauves entrer sur le terrain. Les adversaires narquois pensaient que l'affaire serait facile, que nenni, pratiquant le péché d'orgueil les savoyards de l'époque, au grand dam de leur entraîneur passèrent leur temps à vouloir jouer égocentrique, si bien que non seulement les petits St Jeannais n'encaissèrent aucun essai dans le premier quart d'heure, mais parvinrent à la mi-temps avec un score en leur défaveur de 0 à 3. Un miracle me direz-vous? Non une envie, une envie de bien faire, de ne pas être ridicules, d'exister. C'était énorme ils parvenaient à résister à tous les assauts Chambériens. Par contre, à la pause on les vit fatigués, harassés, anéantis par la fatigue, mais ô combien fiers d'eux même, d'eux tous.
Bien sûr leurs adversaires trop présomptueux sur le premier temps se firent remonter les bretelles par leur coach et la deuxième période vit l'écroulement de l'équipe, ils encaissèrent tant de points que Chambéry magnanime leur prêta quelques joueurs pour terminer la partie. Les points encaissés? Pas d'importance!
Ce que mon témoin m'a raconté c'est que ce jour-là les sans-grades de la « deux » reçurent une ovation à la sortie du terrain de la part de leurs adversaires d'un jour. Un spectateur entrant à ce moment précis aurait pu penser que St Jean avait gagné, effarant non!
S'ils se reconnaissent, ces onze, qu'ils sachent qu'ils peuvent être fiers, qu'ils n'hésitent pas à dire parfois: « en 75 j'y étais à Chambéry »; Dans la mémoire de notre conteur il y a tant de trous qu'il ne se rappelle pas des noms de ces gars et en oublier un seul serait faire injure à tous. Ce jour-là ils ont été des guerriers. Il s'agit d'un évènement dont sans doute personne, si ce n'est eux, ne se souvient mais on va quand même leur attribuer, avec quelques années de retard, le prix de la combativité, du courage, de la simplicité, et en plus une admiration sans borne de la part de cet observateur.
Maintenant que cette histoire est contée, que pensez-vous de tant de vaillance? L'équipe réserve a réussi l'exploit durant une mi-temps à 11 contre 15, pensez-vous que l'équipe première soit capable de réaliser l'exploit durant deux mi-temps ce dimanche qui vient? Est-ce une coïncidence que de raconter de telles histoires à la veille du grand match, ou la venue du centenaire rendant les amateurs disert ?
ALLEZ SAVOIR !
De cadets en Juniors B
Samedi 4 Avril 2009
Je souhaite compléter l'histoire de Cinquantenaire et de ses cadets.
La saison suivante, 1960/61, la grande majorité devint juniors B, c'est à dire première année. Leur effectif grossi par les cadets surclassés avait été renforcé par la venue de Cogne le deuxième ligne de St Hilaire et Abisset, troisième ligne, d'Hostun.
Toujours sous la houlette de Gaston Escoffier ils attaquèrent les matches de poule comme des seigneurs, ne laissant aucune chance à leurs adversaires ils n'ont concédé aucune défaite. A ce moment-là on se croyait les rois du monde, on était les rois du monde. Dans chaque rue, quelqu'un nous demandait: « comment çà s'est passé hier? » Fiers comme Artaban on leur répondait gentiment, chaque supporter s'intéressait à nous, bien autant qu'aux seniors qui eux aussi obtenaient de bons résultats. Mais nous les gamins on avait quand même la préférence.
Donc auréolés par tant de succès et qualifiés dans une poule de trois nous nous apprêtions à jouer le titre de champion des Alpes contre l'USRP, en tête dans l'autre poule avec un seul match perdu. Hélas le calendrier ou les instances Alpines (nous étions peu considérés à ce moment-là) ont décidé en toute simplicité de faire de Romans leur champion. Tant pis! Même si on s'est senti volé, il y avait deux rencontres importantes à jouer. La première contre le prestigieux FC Grenoble et la pour la seconde nous serions opposés à Valence sur le terrain des Baumes.
C'est sans doute un hasard, ce match contre Grenoble allait se dérouler le dimanche de la fête des Laboureurs à 15 heures, nous avions la vedette. On craignait quand même que le corso nous prive de spectateurs. Mais non! Au contraire, je n'avais jamais vu autant de monde au bord des touches, en plus le soleil était de la partie. On dit que l'histoire ne se répète jamais, mais n'est-ce pas une coïncidence avec le dimanche qui vient. Nous aurions souhaité le faire exprès, çà n'aurait pas mieux marché.
Et voilà les Rouge et Noir qui attaque bille en tête, hélas Grenoble plus aguerri ne tarde pas à scorer et la pause arrive avec un déficit de huit points à 0.
Mais, mais...nous avions gagné le droit de jouer à la descente en seconde période. Il y avait un handicap devant une telle équipe, avec cette mythique descente l'espoir semblait intact. On parlait de mettre les adversaires à la Lyonne (paroles souvent entendues... en toute amitié). Vous imaginez bien qu'en racontant cette histoire la fin fut heureuse, sinon je serais resté couché auprès de ma douce. Après quarante minutes d'une intensité incroyable le FC Grenoble rendit les armes sur le score de 9 à 8. A la suite du match nous sommes rentrés sur St Jean bras dessus, bras dessous en chantant, plutôt en vociférant, nous avons envahi les rues sous les applaudissements de la population (j'exagère à peine).
La deuxième rencontre à Valence vit le même scénario, menés 6 à 0 au repos, nous terrassons les adversaires par 8 à 6. Si nous manquions de technicité nous avions de la pugnacité, de la hargne à revendre. A cet instant je voudrai faire un petit coucou aux juniors d'aujourd'hui qui ont les deux et qu'on félicite pour les excellents résultats obtenus ces dernières saisons. Continuez il nous faut un titre de champion de France!
Voilà nous avions gagné deux matches importants, de la plus belle des manières. La suite s'avéra être moins honorifique puisque opposés à Chateaurenard en seizième de finale à Livron nous avons encaissé essai sur essai, 0 à 16 pour terminer par une bagarre générale.
Oublions vite ceci et gardons en mémoire les exploits réalisés précédemment, sans oublier de citer cette équipe de Châteaurenard et ses attaquants aux jambes de feu.
Je ne peux m'empêcher de revenir sur le hasard qui fait que l'équipe première d'aujourd'hui va rencontrer demain dimanche, pour la fête des Laboureurs, par beau temps, une équipe (Chambéry) supérieure à elle, première de la poule.
Vous croyez, vous qui lisez ces lignes, qu'ils pourraient causer la surprise, vous pensez un seul instant qu'ils seront capables de ..., Vous ne sentez pas le petit espoir qui ..., Vous n'avez pas l'impression de ..., vous ne savez pas ? Moi non plus, mais si ..., si ...
Avec des si il parait qu'on ne fait rien ... et «Si « au bout du compte on chantait Dimanche soir.
Qu'en penses-tu, toi qui lis ces lignes?
Il n’y a pas eu de surprise 31-62, j’en ai déjà parlé. Malgré cela ils ont chnaté !!!
Demain ce sera au tour d'une femme d'exprimer son sentiment sur le Rugby
Rugby vu au féminin par Mémé Cent
18 Avril 2009
Depuis le temps que je lis la prose délirante de Pépé le Cent je voudrais y mettre mon grain de sel et dire à tous que le Rugby n’est pas ressenti de la même manière par nous les femmes : copines, épouses, mères, filles, grand-mères.
Car enfin c’est quoi le Rugby, ce jeu de fous qui les fait se courir après pour attraper un ballon même pas rond. Ils se roulent dans la boue comme des sangliers, ils retournent la terre du terrain et ils appellent çà une pelouse. Pourquoi ne bêchent-ils pas leur jardin aussi bien qu’ils retournent la fange du stade, mieux que ces sangliers auxquels ils ressemblent les soirs de match.
Ils font les fanfarons voulant prouver leur vaillance, leur force, mais quand ils rentrent le soir, mon Dieu qu’ils sont douillets, vous arrivez à peine à les soigner, vous les effleurer, ils font aie ! Aie ! Aie ! Le lundi ils n’arrivent plus à bouger, perclus de douleurs musculaires, jusqu’au mardi. Dès le jeudi soir ils s’empressent de retourner au stade, à peine fini le travail ils foncent prenant à peine le temps de nous embrasser.
Et que dire de la fin de la semaine ! Du Lundi au Jeudi, entre copains ils n’ont parlé que du match passé, dès le vendredi ce sont de grands projets, ils vont tout gagner, renverser l’adversaire. De temps en temps ils pensent un peu à nous, mais le samedi soir alors que les enfants couchés, nous retrouvons un peu d’intimité après une semaine de labeur et qu’on espère de la tendresse, rien ils se réservent pour le dimanche, ils ne veulent pas s’épuiser les pauvres chochottes. Le matin inutile de leur parler, ils se concentrent ! Ils déambulent, même pas rasés, on dirait des spectres.
Le dimanche soir après le match, perdu ou gagné, ils font ce qu’ils appellent la troisième mi-temps. Et nous, pauvres de nous, nous les suivons et les écoutons ressasser sans arrêt les actions de la partie passée, les bons moments bien sûr, parce que mon grand dadais il ne parle pas du placage manqué qui a failli coûter la victoire. Et qu’est-ce qu’ils boivent. Ils boivent, ils parlent, ils reboivent et reparlent. Ensuite bien évidemment nous retrouvons notre logis, mais là fatigué, épuisé, éreinté il rejoint le lit conjugal pour enfin … s’endormir comme une masse. Ne vous en faites pas, la nuit n’est pas finie : même dans son sommeil il va encore jouer au Rugby, ce sont des coups de pied intempestifs, des grognements gutturaux (il a dû en plaquer deux à la fois), et je ne vous parle pas des ronflements capables de réveiller les morts si nous habitions près du cimetière.
Moi j’ai eu un mari amoureux de ce jeu, plus deux fils et maintenant un premier petit-fils déjà adhérent à l’école de Rugby. Quant à notre fille que croyez-vous qu’elle ait pris comme époux ? Encore un grand échalas mal foutu, fanfaron sur le terrain, mais timide voire timoré dès qu’il est devant moi la Mémé. Il me craint et c’est tant mieux, non mais ! Qui est-ce qui porte la culotte à la maison ?
Enfin la saison de Rugby prend fin, cette année elle fut plus longue qu’à l’accoutumée, ils s’étaient qualifiés et là ce fut une folie dans le village, le canton. De partout on a vu sortir des gens jamais entrevus, de la folie, le dimanche les rues étaient désertes, tous partaient voir le fameux match. De temps en temps j’y assistais mais je dois vous avouer n’avoir pas partagé cet engouement. Quand je voyais mon époux, puis après mes enfants, même ce benêt de gendre disparaître sous la mêlée, mentalement j’adressais une prière à la Sainte Vierge, la seule pensais-je à pouvoir comprendre mon sentiment.
Et voilà ! Toute chose a une fin, le Rugby aussi, mes hommes ont interrompu leur passion, nous allons enfin redevenir une vraie famille.
Hélas, trois fois hélas, ils se sont découverts une autre passion, le mari, les deux fils et le gendre ont décidé de former une quadrette de boulistes.
Dites-moi vous qui avez eu une vie identique, pourquoi, mais pourquoi les aime t‘on quand même ???
Lire les écrits de cette femme de caractère me fait penser à ce que disait le philosophe « Li Chan Son » lorsqu’il conseillait les gamins autour de lui :
Petit écoute !
Lorsque adulte tu seras
Femme tu prendras
Belle souvent tu lui diras
Sourire toujours lui viendra
Sinon tu la perdras
Histoire d’un finale
1961, année de la première finale du championnat de France pour le SCR.
Ce jour de printemps voyait les « rouge et noirs » affronter les Gersois de Mirande, auparavant les Royannais avaient dû se débarrasser de Thiers en seizième, joué à Cours la ville dans le Beaujolais, là où Pascal Teston se blessa à l'épaule et où j'appris à déguster le nectar du coin.
Après ce moment-là deux juniors furent incorporés à l'équipe, Michel Escoffier et François Armand père de Nicolas.
Puis en huitième à Livron ils se défont de Sigean, le match le plus tendu fut le quart à Pèzenas contre Auterives (pas le pays du facteur) où ils ne furent départagés, après prolongations, qu'au bénéfice de l'essai. Un vent à décorner les bœufs soufflait en rafale et Bab Armand trouvait soit des touches de 15 mètres soit de 80 mètres. Un autre junior fut incorporé ce jour-là, votre serviteur Hubert Laude qui à part courir en vain après la balle portée par le vent fit un arrêt de volée salvateur dans ses 22. Il remplaçait à l'aile le grand Marcel Dallon victime d'un ... panaris. Rare pour un rugbyman de se blesser de cette manière-là, mais avec Marcel rien d'étonnant.
Le jour de la finale arriva et l'on se retrouva encore une fois à Pèzenas mais avec un soleil écrasant et pas de vent du tout, même pas pour se rafraîchir.
Avant le match les joueurs étaient tendus, pas un ne soufflait mot, même Jacky Clément n'ouvrait pas la bouche, c'est dire que la tension était extrême. L'entraîneur, Titou Serve, venu s'occuper de nous depuis les Seizièmes, mâchonnait sans fin son mégot, il allait le manger durant la finale. La casquette ferait aussi bien des tours sur sa tête.
Enfin le moment tant attendu arriva, quelle surprise sur la touche quand on découvrit quelques supporters, ils étaient six : Lolo Piège et ses beaux-frères Bazzoli et un ancien joueur de Pont en Royans: Seyvé et son épouse si ma mémoire est bonne. Jean Thomas blessé à l'épaule et insuffisamment remis se vit confié la tâche de garder en mains les citrons de la mi-temps, en compagnie d'Hubert Laude remplaçant lui aussi. En ce temps-là les remplaçants ne rentraient pas, ils servaient juste si un joueur se blessaient avant l'entrée sur le terrain. C'est sans doute pour cela qu'on voyait les opposants et nous-mêmes détruire le joueur plus que le jeu.
La finale fut âpre, les Gersois du jour au même niveau que les St Jeannais, on s'acheminait vers une nouvelle prolongation, les Rouge et noirs avaient la balle en mains et se la passaient des uns aux autres sans avancer d'un pas lorsqu'un diable surgit à tout vitesse, intercepta et après quarante mètres d'une course, ultra rapide pour un pilier, s'en alla déposer le cuir derrière la ligne.
Fin! Les Royannais ne purent remonter ce handicap et lorsque le résultat fut annoncé à St Jean, où se déroulait ce jour-là sur le stade Ernest Chuilon la fête de la Jeunesse, pendant une minute plus un bruit ne fut entendu, une chape de plomb était tombée sur tous.
Au retour et malgré la tristesse on était quand même contents de notre saison. On fêta même cela par un banquet, nous étions tout de même vice-champions de France de quatrième série, les dirigeants avaient prévu les agapes. Bien sûr il y avait Fernand Liottard se morfondant d'avoir adressé cette passe et quarante huit ans après il s'en veut encore. Fernand! Tu n’étais pas seul ce jour-là, le pilier Mirandais, j'étais témoin, est passé au milieu de tous. C'est marre! Rappelle-toi plutôt ce bon moment de liesse au cours du « banquet pique-nique » mangé au bord de la route dans un champ de luzerne. Le menu, j'allais oublier: pain saucisson fromage et vin rouge.
C’était pas le bon temps çà!
Réponse du Pépé à Mémé Cent
Mémé ! Mémé ! Pourquoi tant de hargne, moi qui t’ai gâtée (pas au sens du fruit bien sûr) durant toutes ces belles années de Rugby.
Bon d’accord ! C’est vrai que la passion m’habitait alors, mais du lundi au vendredi tu pouvais compter sur moi. Tu dis quoi ?
Deux à trois soirs par semaine tu allais jouer aux cartes au bistrot.
Oui ! C’est vrai mais enfin rappelle-toi lorsque tu venais avec moi en déplacement, le voyage à Cannes en Octobre 1970, où tu pus voir une mer bleue magique, le soleil nous avait accueilli chaleureusement. Quoi encore ? A cause de l’incendie faisant rage tout autour on était sous une pluie de cendres, mais l’incendie ne nous avait-il pas contraints à prendre la route de la corniche. C’était d’une beauté à couper le souffle, une vraie carte postale avec cette mer bleue, les montagnes rouge...
Et une pluie de cendres !
Je t’ai même emmenée avec moi en Italie, par deux fois. Tu te souviens de notre nuit à Dormelleto, bien sûr il ne se passa rien, le lendemain le match serait dur. Nous étions au bord du lac Majeur, tu les as vues les iles Borromée ?
… derrière la vitre du car ?
J’en conviens mais même de loin on entrapercevait les massifs de fleurs, magique non ?
…Sous la pluie !
Et à Beaune, à Figeac, à Annonay partout dès que nos parents acceptaient de prendre en charge les gosses tu m’accompagnais, tu étais ma muse …
Oui, ton infirmière aussi.
Et lorsque la victoire était au bout, nous étions heureux tous les deux ?
… Surtout avec tes copains ! j’ étais là pour les soirs de défaites !!!
Aie ! Tu es dur avec moi.
Et après lorsque les enfants ont été grands, tu venais parfois les admirer sur le terrain.
… Je tremblais à chaque instant !
Pourtant tu paraissais heureuse, tu retrouvais tes amies : la Grande, la Louisette et d’autres, vous papotiez gentiment sur la touche…
Pour ne pas voir le carnage !
Là tu exagères un peu, pour être aussi dure tu as quelque chose à me demander … d’ailleurs ton petit sourire narquois le laisse pressentir ? Je te l’accorde d’avance ! Que dis-tu ?
Je veux aller voir un match international au Stade de France.
Tu sais à cette période je joue aux boules ! Mais enfin … je vais me sacrifier et nous irons tous les deux admirer ces athlètes, tu vois je fais un effort moi aussi.
En attendant ma douce, viens près de moi. Maintenant nous sommes vieux, seuls à la maison, nous pouvons faire ce que nous voulons, quand nous le voulons. Cà prend plus de temps, mais du temps nous en avons. Allez rapproche-toi, un peu de tendresse sera réconfortante.
Entre nous rugbymen, elles sont dures nos épouses, non ?
Hommage
- Oh Pépé, tu dors ?
- Mais non Mémé, voyons je réfléchis
- C’est quoi ce bourdonnement entendu, tu ronfles?
- Qu’est ce que tu vas chercher, je me parle à moi-même.
- Et cette goutte sous ton œil, tu pleures ou il y a une fuite dans la maison ?
- Dis Mémé t’as pas des choses à faire plus importantes plutôt qu’à rester là à m’espionner ?
Enfin ! Elle me lâche. Je l’appelle ma muse mais parfois elle est collante non ! Qu’est ce qu’elle va s’imaginer ? Que je pleure ? Non mais un grand garçon comme moi, à mon âge.
Bon c’est vrai qu’en cette période de centenaire il m’arrive des souvenirs de toutes parts et la nostalgie s’empare de moi. Comme je suis encore un gamin fragile et sensible je suis vite ému. Y’a pas à dire la mémé, collante peut-être mais fine mouche, elle a deviné mon émotion, je ne peux rien lui cacher, je me demande si elle ne lit pas dans mes pensées, c’est vrai la nuit je parle et elle, elle enregistre tout.
Figurez-vous que mes pensées allaient vers les dirigeants connus par moi et mes amis. Ces dirigeants remarqués seulement lorsqu’ils prenaient beaucoup de place dans l’organisation comme les Cluze, mon ami le Capitaine de cavalerie Lecarpentier, le docteur Laforest, docteur es Rugby, Gaston Escoffier … Etc … Mais les autres, les obscurs vous en souvenez-vous ?
De l’Henri Brétière faisant équipe avec le Gaston pour économiser au plus près, de son beau-frère Mauny (grand-père du joueur Duc) coincé dans son guichet pendant des heures, ne voyant que la moitié des matches. Qui se rappelle de Périn, ancien joueur lui-même, traçant le terrain à la sciure et à la main le samedi matin ? Chouillac son beau-père, Henri Souteyrat et son frère Evariste avec qui nous les gamins on se permettait de plaisanter sans façon. Le père Carle, Hervé Biarrat, La Piche Chuilon, le père Rousset …Etc… J’en oublie, qu’ils ne m’en tiennent rigueur, ils sont si nombreux à avoir servi le Club qu’il serait bien difficile de tous se les rappeler.
Cependant il y en a un évoquant toute mon histoire rugbystique, d’enfant-spectateur, lorsque je le voyais sur le terrain en compagnie de son frère Marceau, puis joueur alors qu’il devenait dirigeant, jusqu’à ma retraite au cours de laquelle je redevins spectateur, et lui il était toujours là.
Partout il nous a accompagnés, soigneur, arbitre de touche (avec ses bottes si le terrain était trop boueux). Il a tout connu avec nous et les autres, tous les terrains, de Savoie en Provence, du Massif Central en Italie. Les défaites, les victoires, les déceptions, les joies, les montées, les descentes, la gloire, la honte. Toujours sans élever la voix, sauf bien sûr lorsque ce garnement de Lulu lui demander pour la énième fois un short qui lui servirait à jouer aux boules.
Toujours là, toujours présent, il accourait avec l’éponge magique à chaque accroc, il distribuait eau et citron à la mi-temps. Sans bruit, sans éclaboussure, toujours là, discret, pas d’éclat, seulement une présence qui rassurait. Tu vois mon Juju on ne t’a pas oublié ; cette année de centenaire c’est aussi ta fête à toi, combien as-tu passé d’années dans le club, combien de joueurs as-tu connu, à combien d’entre eux as-tu remis un équipement, combien de fois as-tu distribué ces maillots rouge et noir ? Il y aurait trop de chiffres à énoncer, pour moi et certainement beaucoup d’autres tus es unique. Pendant toutes ces longues années tu n’as fait qu’un avec le SCR, bien sûr tu y as pris du plaisir sinon qui serait assez bête pour faire des choses sans y trouver son compte. Enfin mon Julien ou Torin, c’est de lui qu’il s’agit, je me suis permis de te tutoyer comme nous le faisions tous, comment faire autrement lorsque l’on parle à un ami.
Encore une fois merci monsieur Julien Meunier, vous êtes un grand, le SCR se souvient de vous et avec tous ces mécréants qui nous écoutent nous allons vous faire une ovation. VIVE JULIEN !
En attendant … Aie la mémé revient ? vite que je m’essuie les yeux sinon elle va encore penser que ce sont des larmes alors que c’est juste un courant d’air, un air de cent ans.
Portez-vous bien !
Qui est le Cent ? 26Avril 2009
Qui se cache derrière ce pseudonyme ? Certains ont peut-être une idée de ce personnage fantasque, enfin qui est-il ?
Qui est le cent ?
C’est toi le grand diable au crâne poli par l’âge, toi le petit joueur en rouge et noir s’efforçant de paraître plus fort qu’il n’est, encore toi le spectateur braillant, encourageant, frémissant, passant du rouge de la colère au vert de la peur ?
Ou bien serait-ce toi la femme timide venue admirer son gamin à l’école de rugby, craignant pour lui et en même temps ressentant le plaisir de sa belle santé ?
Sont-ce vous les dirigeants remuant ciel et terre pour boucler un budget, traçant le terrain, cuisant le boudin, distribuant les billets ? …
Est-ce toi le disparu des années vingt, trente, quarante dont l’âme plane encore sur le stade en pente des bords de Lyonne ?
C’est toi le conducteur du car emmenant ces gamins à travers Provence, Auvergne, Dauphiné et Savoie ?...
C’est toi le tenancier écoutant sans relâche les mêmes mots, dimanche après dimanche, génération après génération ?...
Toi, la jeune fille déjà amoureuse de ce beau jeune homme en rouge et noir ?
Toi le curé priant pour la victoire, toi l’ennemi d’un jour, implorant le ciel dans l’attente de la défaite.
Ou encore toi dont les parents te trouvaient trop fragile pour jouer à ce jeu de brutes, ou te préservant pour ne manquer ni tes études, ni ton travail ?…
C’est toi la pluie rendant le terrain marécageux, toi la neige empêchant la partie de se dérouler, le gel durcissant le sol, brûlant la peau de celui qui tombait ?
Toi le canal qu’en quelque occasion on vit déborder justement pour que le match soit reporté ?
Toi le soleil brillant de mille feux aveuglant l’adversaire ou le partenaire, toi le vent dansant avec le ballon, l’emportant loin de nos mains tendues ?
Est-ce toi le chemin, la route qui vit passer les jeunes, hommes et femmes, moins jeunes, plus vieux, tremblant encore du bruit de leur pas ?
Est- ce toi encore l’herbe repoussant à chaque printemps et dévastée chaque hiver, ou toi le grand peuplier faisant de l’ombre et finalement abattu justement parce tu en avais trop ?
C’est toi l’homme en noir, jaune ou vert, sifflet à la bouche, réglant le jeu suivant les fautes de ces toujours mécontents ?
Toi l’adversaire venu des quatre points cardinaux qui fit la gloire ou l’infortune des rouge et noirs, celui avec qui on sympathisait ou contre qui on vitupérait ?
Le Cent c’est comme la rivière née d’une goutte de pluie, puis d’une autre et une autre encore, d’un flocon de neige, d’un cristal de glace, d’une feuille envolée, d’un fétu de paille, d’un morceau d’écorce, de grains de roche. Grossissant son flot des uns et des autres pour n’être qu’un. Tout cela mêlé l’un à l’autre, formant un amalgame, créant à nouveau cette pierre dont on fait nos maisons, à la fois friable et solide. C’est le ruisseau naissant d’une colline, depuis une montagne. Tantôt calme au sein des rochers tantôt ressurgissant dévastateur.
Qui est le Cent ? Le Cent est fait de chacun de ces éléments, empilés, enchâssés ils ont vécu cent ans. Le Cent c’est l’histoire de ce club aimé par les uns, honni par les autres. Sans tous ces sentiments, sans toutes ces émotions il ne serait pas.
Le Cent c’est moi, c’est vous, me regardant ébahis, on dirait des … avec vos yeux gros comme des soucoupes, réveillez-vous ! Vous avez deviné : le Cent c’est nous et tout ce qui nous entoure.
Le Cent est là, vive le Cent !!!
A bientôt ! Que le temps qui passe vous paraisse léger, que la vie vous soit douce !