Christophe Deylaud, avant Blagnac-Nevers : "il va falloir s'accrocher aux branches"
Quadruple champion de France et champion d’Europe en 1996 avec le Stade Toulousain en tant que joueur, Christophe Deylaud, après avoir entraîné Agen et Bayonne, s’occupe de Blagnac depuis cet été.
Christophe Deylaud est rentré à la maison. Demi d'ouverture révélé à Blagnac à la fin des années 90, l'ancien entraîneur de l'Aviron Bayonnais est « venu donner un coup de main ». Après plus de vingt-cinq ans à évoluer dans le rugby professionnel, où son franc-parler n'est pas toujours vu d'un bon œil, l'ancien ouvreur du XV de France (seize sélections), a renoué avec le monde amateur.
« Laporte me faire rire… »
« Si Blagnac ne m'avait pas contacté, j'aurais entraîné quoi qu'il arrive, que ce soit en Honneur ou avec des jeunes. Le club a beaucoup de choses à faire avant de prétendre à une montée. Il faut structurer pour se pérenniser en Fédérale 1. Je ne me suis pas occupé du recrutement, j'ai dit au président : "Donne-moi une équipe et je l'entraîne". Et je suis agréablement surpris par l'implication des joueurs. Ils ont beaucoup de choses à apprendre et je suis là pour ça », explique l'entraîneur. Blagnac a connu la Pro D2 le temps de la saison 2007-2008, conclue à la dernière place, avec en sus des difficultés financières qui ramènent le club en Fédérale 2. Depuis, le BCSR reconstruit et a retrouvé la Fédérale 1 en 2010, avec un titre de champion de F2 à la clef. Et Deylaud apporte sa pierre.
Formateur hors pair avec son compère Christian Lanta, c'est cette dimension du haut niveau qui lui manque, même s'il entraîne beaucoup de jeunes éléments à Blagnac. « Ce que j'aime, c'est faire éclore des jeunes. La moitié de la ligne de trois-quarts du XV de France est passée entre mes mains, Huget, Guitoune, Dulin. Je les ai lancés à 18 ans. Faire revenir Joe Rokocoko de l'enfer, c'est ce genre de challenge qui me manque le plus dans le haut niveau. » À l'inverse, ce qu'il a abandonné sans peine, ce sont toutes les compromissions ou les « magouilles » liées au professionnalisme. En juin 2014, dans une interview donnée à Midi Olympique, l'ancien buteur tirait déjà la sonnette d'alarme pour le rugby français, sa formation et son équipe de France. « Tout ce que j'ai dit s'est vérifié. Il est évident que le Top 14 gêne l'équipe de France. Laporte ( candidat à la présidence de la FFr et manager du RC Toulon) me fait rire quand il dit le contraire. J'étais atypique dans ce milieu, avec un franc-parler qui ne passe pas toujours », concède-t-il.
« Nevers fait figure d'épouvantail »
Tourné vers le déplacement à Nevers de son équipe, Christophe Deylaud, 51 ans, ne se fait guère d'illusions sur l'issue de la rencontre. « On ne vient pas avec l'ambition de gagner, mais avec celle de faire bonne figure. Nevers fait figure d'épouvantail en Fédérale 1. Je ne vois pas ce qui peut les empêcher de monter même si on ne peut jamais jurer de rien dans le sport. Nous n'avons pas les moyens, financiers et en terme d'effectif, de lutter. Il va falloir s'accrocher aux branches. Mes joueurs vont être jugés devant une grosse équipe. On verra le fossé entre professionnels et amateurs. »
Guillaume Clerc
guillaume.clerc@centrefrance.com