Finale Bourg/Bourgoin
olivier a écrit :44-22, là où tout a commencé. La déception, la frustration, le passage de témoin. Le grand club de l’Ain sera Oyonnax, celui qui ira jouer avec les pros… Un rendez-vous manqué pour les violets comme beaucoup par la suite. Nous sommes en 2003. Cette année là, Bourgoin joue en top 16 et tape les plus grands. Bourg en Bresse se qualifiera pour les phases finales chaque année, jusqu’à la montée en pro D2 de 2008. Le club redescendra dés l’année suivante et recommencera à y croire en ratant souvent la dernière marche. Bourgoin sera sur le déclin, les exigences financières d’un rugby de plus en plus puissant entraînent une sélection naturel en éliminant les plus fragiles sur le compte en banque. Bourgoin a toujours été un club à l’aura sympathique. Formateur, petite ville, un stade qui vibre et une formation reconnue dans la France entière. Mais je ne peux pas vous parler de Bourgoin, je ne les côtoie que depuis cette année, car mon monde est celui du petit rugby, celui que l’on passe à la télé quand il n’y a rien d’autre, celui dont les supporteurs de clubs rétrogradés de pro D2 jugent avec peur et dédain parce que trop loin de leur rêve. Alors oui, je peux vous parler de Bourg en Bresse, des bressans, des violets de la CGT. Je peux vous compter des histoires, des rencontres, des engueulades. Les bressans et moi, c’est Hervé et son épouse qui m’accueillent un jour de 2005. J’arrive du Danemark pour rencontrer le président de Villefranche sur Saône qui veut que le concepteur de RF fasse le site de son club. C’est une grande fierté pour moi, quelqu’un reconnait mon travail. Hervé me compte alors l’histoire du club, la passion fusionnelle de son public, les dimanche de fêtes, les déceptions, la rivalité avec le voisin rouge et noir… Les bressans et moi, c’est la rencontre avec un personnage haut en couleur : Doudou, tour à tour énervé, enjoué, qui rage la défaite et se console avec une mousse. C’est l’histoire d’un Bourg en Bresse/Nîmes, où 2 joueurs nîmois en tenue et crampons, Christiant Pérez et Sébastien Gérard, se dirigent vers la CGT avant le match pour serrer la main des doudou, des pat, des menat et toute la bande. Une première qui aurait pu être matérialisé tant la surprise de certains était exceptionnelle. Les bressans et moi, c’est l’engueulade sur le match contre Bédarrides perdu 13-14 alors qu’à la 80°, Bourg mène 13-0. Je les engueule, parce qu’ils disent que c’est la faute de l’arbitre, alors que je leur explique que prendre 14 points en 5 minutes, c’est pas du fait de l’arbitre, mais plutôt des joueurs. Mais, bon, on a continué à boire des pichets par la suite. Les bressans et moi, c’est la montée en pro D2 avec une photo qui fige le moment où l’on retrouve nîmois, rumilliens et chalonnais autour des bressans pour fêter ça. Les bressans et moi, c’est une année de pro D2, qui commence par la galère, puis l’espoir avec la victoire contre Auch. Tous les matches à domicile, j’y suis pour tenir la boutique H2. A la fin de la saison, H2 se fait jeter, tout comme l’entraîneur. Mais après tout, il y a quelques dirigeants que je n’aime pas et je peux enfin retourner dans les tribunes avec mes potes. Les bressans et moi, c’est Jean Anturville et son frangin qui me racontent des histoires de rugby que l’on aime écouter. Les bressans et moi, c’est Ventrejone et Polo la sianse, de vrais bons mecs qui nous manquent tellement, que ce soit sur le forum ou dans les travées de Verchère. Si seulement ils pouvaient nous redonner de leur folie. Les bressans et moi, c’est aussi les ultras violets dont je fais parti depuis 3 ans et qui ont enflammé Gerland ce samedi. Au départ, ils étaient une dizaine, ils se sont battus pour construire quelque chose qui a vraiment de la gueule. Les bressans et moi, c’est Jordan et ses tantines, c’est le combat de David qui, à défaut d’avoir un bon foie, a eu la foi pour se battre contre la maladie et être toujours fidèle au poste. C’est Yvan, Mac J, l’annecien, et tous ceux dont j’ai encore du mal à retenir les noms et les pseudos mais qui savent m’accueillir comme l’un des leurs. Les bressans et moi, c’est le fait de leur dire depuis plusieurs mois, que c’est leur année, que je le sens bien. Je commence à avoir l’habitude de la lecture des championnats, et ça sentait bon. Mais je voyais bien Bourgoin gagner, et puis… 21h15… L’indescriptible sentiment… Je suis dans les tribunes berjalliennes, et là j’ai tous ces visages qui défilent dans la tête. Vévé, Mathieu, Doudou, Jordan, Polo, Ventrejone, David, Yvan, roudoudou, Pat, Menat, Mostress, et tous les autres. Je ne savoure pas la victoire, je savoure leur bonheur dans un moment qui est historique pour le club. Il faut que j’aille les voir, non pas pour crier ou encore chanter, mais pour les regarder un par un et me gaver de cette joie. Pour conclure mes amis bressans, sachez que j’ai du mal à écrire ces lignes, car pour moi, l’aventure de RF va se terminer d’ici la fin de l’année. Mon bébé a grandit, il n’a plus besoin de moi et il continuera à vivre sans que je sois là. L’appel du large se fait sentir et il est temps de passer la main. Il est prévu que je parte loin de Verchère, mais je sais aujourd’hui que j’emporterai avec moi ces visages aperçus à 21h15. A l’aube des 10 ans de RF, c’est le cadeau que vous m’avez fait. C’est sur que Verchère va me manquer, l’USBPA est maintenant lancée et le meilleur est devant vous. Et s’il ne reste plus que toi…
Et je ne suis pas parti...