Comment continuer à aimer un club lorsqu'il y a vingt nous jouions les plus grands ? Comment vibrer à nouveau lorsque ces dernières années nous étions dans la frustration, la déception et la colère ? Il est des jours comme ça, où l'on sent que rien ne peut nous arrêter et nous avons vécu ça en ce dimanche 12 Mai. Pourtant lors du trajet, j'ai la boule au ventre, malgré le résultat du premier match en notre faveur. Les démons de Gaillac, de Blagnac, de Grenoble me hantent. Et si... Rien que le nom de l'adversaire force le respect et la crainte : Nice. Nice qui nous avait condamné la saison précédente, Nice qui, avec Anturville, avait redonné espoir au rugby azuréen. Nice, enfin, qui avait explosé comme nous en choisissant la liquidation judiciaire et l'abandon de sa dette. Au même moment, Nîmes décidait de payer son du jusqu'au dernier centime. A l'arrivée au stade vers 12h30, les dirigeants, sponsors et partenaires sont là. Je suis invité, mais ce n'est pas mon monde. J'essaye de voir s'il n'y a pas d'anciens. Je croise les Tissot, les Veyron, les Pogetti, les Foissac et les Benguigui, j'aperçois les Dussaut. Je rencontre le président niçois, Tony Catoni, qui me parle de RF et de certains forumistes qu'il aprrécie particulièrement. Je me dis que ça ne peut être qu'un bon mec et que Nice est enfin entre de bonnes mains. 15 h 00 : l'anxiété fait place à l'émotion. Le speaker qui lance un "Nîmois, nîmois" que tout Kaufmann reprend en coeur. Je n'ai pas connu ça depuis plus de 10 ans maintenant, c'est extraordinaire, le stade est plein et il supporte son équipe en fédérale 3. Le match commence, crispé, avec des niçois déterminés qui essayent de mettre le feu de tout côté. 2 pénalités ratées, comme si le vent du Gard venait aussi supporter les rouges. A la mi-temps, le RCN mène de 6 points, ça fait au total 11 points d'avance, ça parait beaucoup, mais c'est tellement peu à la fois, parce que je vois l'entraîneur de Nice haranguer comme s'il avait trouvé la solution. Pendant ce temps, l'USAM, champion de France de pro D2 de Handball vient présenter son trophée aux spectateurs. Applaudissements de rigueur pour 2 sports qui ont souvent été proches dans la cité gardoise. Retour aux affaires, on y croit, on y croit. La 2° période commence et à peine après 5 minutes, c'est la libération : Bruschet d'une magnifique transpercée vient planter l'essai pour les nimois. Le reste du match verra les vélléités niçoises buter sur la défense nîmoise et les nîmois répondre coup par coup aux tentatives azuréennes. C'est la fin du match, le public exulte, nous sommes en fédérale 2, le club continue sa reconstruction, mais ce moment est magique. A l'image de lolo Blanchet qui tient sa revanche, roulé dans la boue par des pseudos professionnels la saison dernière, c'est une grande victoire pour le rugby à Nîmes et c'est un message envoyé au monde du rugby de l'argent. Oui, nous pouvons, à l'instar de Poitiers et Tours payer nos dettes et se remettre à rêver. Non, nous ne plantons pas ceux qui nous font confiance. Oui, l'avenir est avec cette équipe jeune issue de la culture nîmoise entourée de l'expérience de quelques anciens. Et le public est là, le rugby à Nîmes commence à écrire une nouvelle histoire malgré les pièges et les embûches qui nous attendent. Avec Ravachol, nous retrouvons certains formistes, Calista, Bartassaire. J'ai une longue discussion avec A mardi!, et oui, comme quoi tout arrive. Benjamin Bagate, entraîneur la saison dernière au RCNG, lui aussi saqué par les manageurs pros, m'envoie un SMS se réjouissant de la montée du club. Lui qui a réussi cette année avec Hagetmau à se maintenir en fédérale 1 avec le plus petit budget de la division. J'envoie des messages à Eric Tissot, qui savoure la montée du ROC en fédérale 1, la Chaub qui supporte son copain Péclier à Bourgoin. Ils répondent tous et sont heureux pour le club. Les retrouvailles entre Capelle père et le président Catoni, hier adversaires sur le terrain, aujourd'hui spectateur/acteur d'un sport qui leur est cher... La nuit tombe et nous décidons d'aller manger en ville. Nous allons dans le repère des joueurs en ville et annonçons la bonne nouvelle au patron. Quelques minutes après, une femme m'interpelle et me demande si le club remonte bien en 2° division. Et c'est peut être la plus belle conclusion de cette journée. Nous sommes nîmois et aujourd'hui, le rugby est revenu à nous.