C'était en 2002, j'allais voir Agen-Toulouse à Montpellier en demi-finale du championnat de France. Je me dirigeais vers le stade croisant des supporteurs des deux camps. Un jeune Agenais tout peinturluré était avec son père et un groupe de supporteurs en bleu et blanc. Lorsqu'un groupe de supporteurs Toulousain passa à proximité, ce jeune se mit à les insulter. Son père l'attrapa et lui demanda de s'excuser, ce qu'il fit sans attendre. Les Toulousains partagèrent alors un moment sympathique avec les Agenais. Les papas faisaient le job.
Où sont passés les papas ?
La question est posée dans ce contexte on ne peut plus dramatique. Quand un gamin de 20 ans se fait prendre parce qu'il a consommé de la cocaïne, expliquez-moi pourquoi il continue à être sélectionné en Equipe de France ? Parce qu'on ne parle pas d'un dopage classique. On parle d'une personne qui a pris un stupéfiant qui a des répercussions sur la société comme les règlements de compte et le fait que l'on donne de l'argent à des dealers de drogue.
Florian Grill ne veut plus voir Melvyn Jaminet pour des propos racistes, mais ne semble pas du tout concerné par le fait que des joueurs du XV de France entretiennent le trafic de drogue en France et tout ce qui va avec. Si c'était le cas, il aurait dit non pour que Oscar Jegou soit sélectionné en équipe de France.
Ne nous trompons pas, je ne tombe pas sur le président de la Fédération par plaisir, j'aurais préféré pouvoir débattre des championnats, mais les manquements sur les 3 affaires commencent par le sommet.
On a supprimé les directeurs de tournée et diminué l'encadrement, de surcroit sur des équipes jeunes avec des joueurs inexpérimentés à l'étranger. Et j'imagine, que lorsque l'on est en bleu, cette aura renforce le sentiment d'être intouchable, voire invincible. Mais cela reste des gamins de 17 ou 20/25 ans, inexpérimentés.
Qui est là pour les recadrer, qui est là pour dire : attention, on n'est pas chez nous, on fait gaffe à tout ! L'encadrement sportif ? A mon avis, c'est loin d'être suffisant. Je me suis toujours demandé ce que Jo Maso faisait en équipe de France. C'est aujourd'hui que je comprends. Il devait être le papa quand les papas ne sont pas là, celui qui sait qu'en Afrique du Sud, les plages sont mortelles, celui qui sait que l'on peut faire des mauvaises rencontres ou bien se faire avoir.
Mais aujourd'hui, on est plus touché par un trou financier à combler que la sécurité de nos jeunes et de nos équipes. On est choqué par des déclarations racistes d'un joueur imbibé d'alcool, mais on suspend un drogué à la cocaïne qui dans la foulée va coucher avec la première venue pendant que sa copine l'attend en France.
Alors oui, les troisièmes mi-temps sont dans l'adn du rugby… amateur. Quand tu es payé pour faire un métier, tu te dois de respecter ton employeur et c'est pas parce qu tu chiais sur la bagnole de ton coach en cadet, que tu dois aujourd'hui continuer. Tu n'es pas payé pour ça.
Et que disent les candidats à l'élection ? C'est pas bien, faut changer les choses, bla bla bla, je suis politicien et je suis choqué mais on ne peut pas changer les choses du jour au lendemain. Si on peut !
Tu veux changer les choses ? Tu imposes des tests anti-drogue tous les 2 jours et celui qui se fait prendre est viré. C'est comme ça que ça se passe en entreprise. Tu as des propos racistes ? T'es viré. Tu portes atteinte à ton maillot ? T'es viré.
On oublie l'essentiel : quand tu es payé pour jouer au rugby, tu es un privilégié et si tu n'es pas d'accord, je te conseille de te pointer aux restos du coeur et de rencontrer la vraie misère sur cette terre.