Rugby féminin : 6 ans de retard

Quand Bernard Laporte était la bonne excuse

Information - Rugby féminin : 6 ans de retard - rugbyfederal

La fédération vient d'acter  la réforme de l'élite féminine et le passage à un Top 10 pour la saison prochaine. L'idée est de créer un championnat dans lequel les joueuses auront un nombre conséquent de matches à jouer, chose essentielle pour pouvoir rivaliser avec les meilleures nations mondiales, Angleterre en tête.

Parce que le constat est accablant. Les Anglaises nous ont mis une belle fessée lors du dernier tournoi. L'écart s'est accentué depuis la dernière coupe du monde. Dans la dernière édition du Midi Olympique, Marjorie Mayans a pointé deux facteurs intéressants. Un projet de jeu pas adapté aux joueuses et le manque de matches de haut niveau.

2018 : la mauvaise réforme

Lorsque j'étais président de la CNCDF qui regroupe à parité des présidents de clubs masculins et féminins, on nous a demandé de participer à une réunion pour travailler sur une réforme des championnats féminins.

J'avais en amont, travaillé avec un petit groupe sur une proposition de championnat. Nous avions 2 options : un Top 12 avec un partage de saison, car l'une des contraintes était de sacraliser la période internationale, c'est à dire plus de deux mois sur le calendrier.

Notre deuxième option était le Top 10. Nous avions insisté, à l'époque sur le fait qu'il était primordial de jouer pour s'habituer à l'exigence des matches. Je me souviens, qu'à l'époque, le représentant de la DTN était totalement contre ce Top 10. La raison était le calendrier qui ne permettait pas de placer 18 dates à cause des périodes internationales. L'autre point de vue, moins convaincant était d'affirmer que ce n'était pas ce qui était écrit dans le programme de Bernard Laporte.

J'avais expliqué à l'époque, que ce programme n'était pas figé et qu'il y avait déjà eu des modifications de certains points sur ce programme en raison de nouvelles donnes et qu'il ne fallait pas être rigide. 

Notre proposition n'avait pas été retenue et ce groupe de travail avait voté une réforme à 2X8 et donc des écarts de niveaux flagrants à cause du manque de clubs. 

En revanche, le Top 10 avait été validé pour l'élite 2 et est toujours en place. Les conséquences ont été inattendues sur du court terme, puisque bon nombre de présidents de clubs féminins déçus avaient rejoint Ovale Ensemble qui avait voté, pourtant la réforme. 

Les conséquences aujourd'hui 

Avec moins de matches en championnat et des ajustements annuels de cette compétition, les joueuses internationales n'ont pas été en mesure de maintenir un niveau qui avait pourtant bien évolué. Sur les derniers matches, nous pouvons constater une recrudescence de fautes techniques, de mauvais choix qui semblent liés à une vision du jeu pas toujours lucide. 

Comme le dit Marjorie Mayans, les seuls points sur lesquels les joueuses françaises rivalisent concernent l'engagement physique. La mêlée et les mauls. Mais mis à part quelques éclairs de génie, elles ne sont plus capables d'étouffer leurs adversaires par le jeu. 

Il est donc urgent, que les joueuses de haut niveau retrouvent du temps de jeu. On aurait pu le faire, il y a 6 ans, si on ne s'était pas déjà mis des freins dans l'évolution des championnats.