Il y a quelques jours, Florian Grill a publié une lettre ouverte cinglante envers plusieurs personnes de la nouvelle opposition. Quelques jours plus tard, c'est le collectif Passionnément rugby, surement composé de soutiens à l'ancienne équipe Laporte qui a répondu sur un ton similaire.
Pendant ce temps, nous avons la bande à Trallero et Molles qui dézingue Florian Grill à tout va et invective les Laportistes qui ont retourné leur veste.
Tout ce petit monde semble briller par son absence d'intérêt pour le rugby amateur quoiqu'ils en disent. On peut se vanter d'avoir 1,5 millions de vues sur les postes cinglants de JB Molles, qui font plus rire qu'agir, on peut avoir 4000 likes et 2000 partages sur la lettre du président et s'indigner, mais pendant ce temps là, il reste deux sites qui ont l'air de s'intéresser aux problèmes du rugby amateur : rugbyamateur et rugbyfederal.
Je félicite d'ailleurs rugby amateur pour la mise en avant des problèmes de nos clubs. Dernièrement, c'est celui de l'AS Montfort qui a du mal à aligner une réserve et dont les joueurs méritants font ce qu'ils peuvent afin d'éviter un troisième forfait synonyme de rétrogradation pour l'équipe 1.
Les obligations
Si vous voulez connaitre le vrai problème du rugby Français, allez voir du côte des obligations. C'est une purge. Nous sommes le seul sport où il y a obligation d'avoir une équipe réserve ou espoir (à partir de la Fédérale1) jusqu'à la huitième division, soit la régionale 1. Mais comme le rugby n'est pas du basketball ou du hand, ça se joue à quinze, parfois à dix en régionale 1, il faut du monde pour aligner une équipe. Et cette ineptie continue d'année en année sous prétexte d'une tradition à perdurer.
Revenons à l'AS Montfort, qui doit avoir une bonne équipe première pour jouer en régionale 1. Expliquez-moi comment, à Montfort en Chalosse, ville de 1200 habitants, peut-on avoir les mêmes obligations que Libourne, en périphérie de Bordeaux et qui compte 25 000 habitants. Cette organisation du rugby flingue les petits clubs.
Les exclusions
Pour construire un club, il ne s'agit d'avoir des obligations en fonction du niveau, mais des obligations en fonction de la démographie. Chaque année, nous avons des clubs mis en veille, ou encore forfaits. Cela va même plus loin, la ligue Occitanie a carrément exclu du championnat de régionale 1, deux clubs de la même poule pour des faits de violence. A l'arrivée, la poule 1 se joue à 7 clubs.
Les instances ne comprennent pas l'impact que cela peut avoir sur le championnat, et ce, pas seulement pour les clubs exclus. La perte de motivation des autres clubs, amputés de 4 matches sur une saison à 14 matches. Moins de buvette, moins de repas, moins de rentrées d'argent pour ceux qui n'ont rien fait.
De surcroît, la ligue Occitanie peut octroyer jusqu'à 13 points de bonus supplémentaires si les clubs participent au développement du rugby, ne prennent pas de cartons ou encore respectent la charte d'arbitrage. Du grand n'importe quoi.
Pas de réforme en vue
Il n'y aura pas de réforme profonde cette année pour une seule et simple raison : les élections.
Lorsque j'étais à la FFR, Maurice Buzy-Pucheu, le remplaçant de Thierry Murie, m'avait bien dit que la réforme des séries ne se ferait pas avant l'élection faute de temps. Pourtant, il y avait plus d'un an pour la faire et j'avais un dossier de prêt suite à l'expérience faite en ligue Aura.
On ne prend pas de risque les années d'élection afin d'avoir de fortes chances de garder sa fonction et surtout les avantages qui vont avec.
Personne ne va prendre de risque. La preuve, nous sommes en février et pour qu'une réforme puisse fonctionner, il faut qu'elle soit dans les tuyaux fin février, votée en mars pour préparer les textes qui seront soumis aux votes à l'AG début juillet.
Non, ce qui a été fait en revanche, c'est d'ouvrir les vannes à la DNACG (A2R) pour que les clubs en difficultés puissent passer à travers les contrôles. Cela a eu comme résultat d'avoir des budgets prévisionnels non contrôlés avec déjà des conséquences, puisque Blagnac est forfait pour le reste de la saison en Nationale.
Pour 9 clubs vertueux, il y a 1 club qui triche. Et on a donné raison aux clubs qui trichent.
Bien sûr, vous allez me dire, la critique est aisée, mais l'art est difficile. Et bien je vous propose de découvrir le fruit de notre travail dans ce document à télécharger. Nous ne disons pas que c'est la vérité absolue, mais nous avons la volonté de lancer un vrai débat et faire en sorte que la prochaine réforme du rugby amateur soit la bonne, pas pour les dirigeants en vue d'élection, mais pour les clubs.
Livre blanc sur les compétitions masculines