Quand un pote s'en va, on regrette déjà.
On regrette de ne pas avoir passé plus de temps avec lui. On pense à ces bons moments vécus et partagés. On se dit qu'on aurait du faire plus.
Vincent Frédière avait des potes. Pour moi, il faisait parti de ma trilogie Caladoise. Après 4 ans passés au Danemark, j'arrive à Lyon pour travailler chez H2, la marque rugby créée par Marc Alloin. Ma femme est enceinte de 7 mois, on est complètement largué dans une ville que nous ne connaissons pas. Ma famille de cousins Lyonnais ne prend même pas le temps de nous accueillir.
Notre première expérience pré-accouchement se passe mal avec un obstétricien obscène et dénué d'humanité. Ma femme qui ne parle pas encore Français est désespérée. C'est là que je pense à prendre contact avec des RFistes Lyonnais. Ils sont deux : Dan (Daniel Derrien) et Jaco (Jacques Bitter). Marc aussi nous aide. Dan me recommande un obstétricien qui prendra le temps de nous rassurer et de nous accompagner ma femme et moi. On est en 2006.
Dan est associé à Vincent. Deux anciens rugbymen, deux générations, une même passion. Dan me présente Vincent et le courant passe très vite. Comment ne pas s'attacher à ce personnage haut en couleurs. Marc me raconte ce que Vincent a fait à Villefranche et à quel point il est bon. D'ailleurs, il commence à se faire un nom dans le sponsoring sportif. Vincent me présente à droite et à gauche, je commence à m'intégrer dans le microcosme du rugby Lyonnais.
De mon côté, je le présente au club de Nîmes alors au fond du trou. Il commence à faire le taf et le fait bien. Mais des guerres internes auront raison de son implication et je le regrette. Parce que le potentiel qu'il avait vu à l'époque pour le club, c'est ce qui se réalise aujourd'hui, plus de 10 ans après. Vincent voyait les choses avant beaucoup de monde.
On se recroisera occasionnellement, avec toujours ce plaisir de discuter et partager. On s'appelle aussi. En 2013, il me propose de faire la pub de Rugbyfederal sur Eurosport pour la finale de Fédérale 1 entre Bourg en Bresse et Bourgoin. Le challenge m'amuse et pour la première fois, je vois le nom de mon site à la télévision. Quel bonheur.
Il changera de métier, il ne changera pas sa passion. Nous continuons de nous croiser occasionnellement, moins pour le business, plus pour le plaisir. Mais Vincent n'oublie rien. Lorsqu'il crée EFMR, il m'appelle et me demande de lui faire son site, avec comme adage : je préfère faire travailler les potes. Comment refuser.
Presque 20 après mon arrivée en terre Lyonnaise, le dernier pote de cette trilogie Caladoise s'en est allé, sans prévenir. Dan est décédé la veille de Noël en 2016. Jaco a été emporté par la maladie au début de 2024. Et maintenant, Vincent.
Quand un pote s'en va, on a les yeux humides. On a la boule au ventre. On a des souvenirs et des regrets. On se rappelle la dernière conversation.
On est en colère aussi, parce que c'est injuste. Quand un pote s'en va, il y a un vide qui s'installe à jamais.
Je n'ai pas pu me rendre à vos enterrements, mais je vous le promets, Dan, Jaco et Vincent, j'irai faire un tour à Villefranche sur Saône pour boire un verre à votre santé, mes potos de Calade.