Florian Grill ou Didier Codorniou ?

Les élections, c'est maintenant, le changement, pas sûr

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On y arrive, après une campagne plus ou moins mouvementée, assez manipulatrice, les clubs sont amenés à se prononcer sur la direction à prendre. 

Alors, comprenons bien, 80% des clubs ont déjà fait leur choix en fonction de leurs perception des candidats. Depuis la déclaration de candidature de Didier Codorniou, on peut penser qu'il y a 40% des clubs pour Florian Grill et 40% pour Didier Codorniou. Reste à convaincre les 20% restants.

Pourtant, les messages des deux candidats, ainsi que leurs programmes sont compliqués et loin des préoccupations des clubs.

Les deux candidats veulent augmenter le nombre de licenciés, mais les moyens mis en oeuvre sont des leurres politiques. On ne vient pas au rugby parce qu'il y a plus de moyens. On vient au rugby parce qu'on en a envie, parce que papa ou maman y ont joué, parce que les copains y jouent, parce qu'on a vu Dupont aux JO. Et ça, ce n'est pas le travail de la fédération, c'est le travail des clubs. C'est le terrain. 

Aucun des candidats ne répond aux problèmes des clubs. Comment puis-je avoir plus de moyens ? Comment puis-je réduire mes couts ? Comment puis-je être compétitif sans mettre en péril mon club ? Comment motiver mes bénévoles ?

Donc, la question qu'il faut se poser est : est-ce que la gouvernance actuelle répond à ces problèmes ?

Si la réponse est oui, votons Grill, si la réponse est non, partons sur une nouvelle donne et votons Codorniou.

Pourquoi je ne suis pas fan de la Grill team ?

Avant toute chose, j'ai eu l'occasion de parler avec Florian plusieurs fois. Il m'a même dit qu'il avait apprécié le travail que l'on avait fait avec Thierry Murie. Il est vrai qu'il avait voté favorablement pour toutes nos propositions. Je n'ai aucun doute sur son engagement, ses convictions. J'en ai plus sur ce qu'il représente.

Ce qui me gène, c'est qu'en 2016, il voulait que l'on reconduise Pierre Camou alors qu'il y avait une vraie rupture avec les clubs. Il voulait le grand stade et était d'accord avec la politique fédérale de l'époque qui avait supprimé plus de 5000 matches par ans. Oui, les caisses étaient pleines, mais les clubs tiraient la langue. 

De surcroit, le maillage du territoire des comités était assuré par les fameux barons collecteurs et inquisiteurs qui maintenaient cette pression sur les clubs. 

Aujourd'hui, ces barons sont sur le retour. On l'a vu en ligue Aura, avec le retour d'une taxation des clubs, alors qu'on a tout digitalisé, la pression sur les clubs dissidents, et une politique sociale qui a vu des salariés en burn-out ou démissionnaires face à une hiérarchie pas toujours clémente.

Et donc, ce qui m'inquiète, c'est le retour à l'autocratie qui avait mis à mal le rugby pendant des années.

La deuxième chose et qui est choquante, c'est le retournement de vestes des soutiens à Bernard Laporte. A croire, que lorsque l'on a gouté au pouvoir, on est prêt à renier ses convictions pour garder sa place. Certaines de ces personnes étaient tellement virulentes envers le président Grill, qu'elles m'auraient fait passer pour un enfant de cœur. `

Les seules personnes que je peux comprendre sont Marion Kellin, qui au-delà d'être une personne très compétente a été traitée comme une moins que rien par la première gouvernance pro-Laporte en Ligue Aura. L'autre est Anne-Sophie Demoulin présidente du Stade Rennais Rugby, que j'ai cotoyé à la CNCDF et qui était contre la réforme du rugby féminin de 2018, qui a mon avis est une réforme qui a desservi l'équipe de France Féminine, dont les résultats sont en baisse. 

Enfin, je ne comprends pas que la personne en charge du rugby amateur, Xabi Etcheverry, soit seulement en onzième position sur la liste. Si on veut envoyer un message fort aux clubs, il doit être placé dans le top 5 de la liste. 

En conclusion, je ne pense pas qu'il y ait un programme viable pour le rugby amateur, chose qui nous intéresse ici. Les idées proposées ne vont pas changer la donne et j'ai des doutes sur les motivations de certaines personnes qui sont sur la liste. 

Quid de Codorniou ?

Franchement, je trouve le discours très politisé. Néanmoins, lorsque j'ai interpelé les candidats sur les réseaux sociaux à propos des problèmes du rugby amateur, seul 100% rugby, la liste Codorniou a répondu. Peu de temps après, Didier Codorniou m'a même répondu par mail. 

Je ne suis pas un grand fan des propositions qui sont faites pour le rugby amateur. Elles sont toutes aussi évasives que celles d'Ovale Ensemble. 

Concernant sa liste, j'y retrouve certaines personnes de l'ère Laporte avec qui j'ai adoré avancer. Patrice Dumoulin, qui représente le Grand-Est, une région où pratiquer le rugby n'est pas facile. Il connait le terrain et les difficultés, les manques de club, l'organisation compliquée des compétitions. Il y a aussi Annick Hayraud, un personnage du rugby féminin. Je me rappelle avoir échangé avec elle sur le rugby féminin, et nous étions raccords sur beaucoup de points. Frédéric Vaudo de la région Sud, un dirigeant de club au cœur de l'action. Là aussi, nous nous connaissons depuis plus de 10 ans. Nous échangions déjà sur les problèmes du rugby amateur avant 2016. Il incarne le changement que l'on souhaite mettre en place. 

Et puis je voudrais terminer par Guilhem Guirado. Je l'ai rencontré dans un ascenseur, un dimanche 26 novembre 2017 au lendemain du match nul de la France contre le Japon (23-23). Je le vois abattu, dépité. Je suis avec ma fille et je me rappelle lui avoir dit : “tu sais, ça va aller”. J'étais peiné pour lui, parce qu'il a vécu toute la déchéance de l'équipe de France. Il a été dans la tempête, quand on disait que cette génération était mauvaise, pas talentueuse, alors qu'en fait, il fallait révolutionner l'encadrement, chose qui a été faite à partir de 2019.

Si je regarde les hommes et femmes qui composent les listes, je vote Codorniou. Je pense qu'il faut aussi en finir avec cette vieille garde qui ne fait pas du bien au rugby. 

Laporte a été élu en 2016 parce que le boulot n'était pas fait au niveau de la fédération. Les quelques mois passés ont montré que dans la tourmente, l'équipe actuelle n'a pas été vraiment au rendez-vous. Une réforme de la catégorie espoir qui va déclencher une nouvelle rupture entre le monde professionnel et le monde amateur, des affaires qui ont été plutôt mal gérées avec notamment le sentiment d'abandon des parents de Medhi Narjissi, la réorganisation de tournées qui a montré des lacunes au niveau de l'encadrement, des agréments avec la Ligue Nationale de Rugby qui nuit au rugby amateur (access matches) et un suivi des clubs en difficultés financières plus que limite. 

Bref, si vous voulez continuez comme ça, votez Grill, si vous voulez du changement, donnez votre vote à Codorniou.