La plupart des dimanches, je m'occupe de rugbyfederal. On saisit les résultats, on recoupe les infos, bref, ce sont plusieurs heures où nous scrutons le net.
Et puis vers 21h00, lorsque cela se calme, je regarde le match du Top 14. Hier soir, c'était Toulouse contre la Rochelle. C'est étrange, Toulouse m'a toujours insupporté parce que j'ai l'impression qu'il n'y a qu'eux. Mais la dernière saison a été au-delà de l'exceptionnel et quoiqu'on en dise, quand on aime le rugby, on a toujours une part de Toulouse en nous.
Bien sûr, j'ai suivi ce drame arrivé au début de l'été où le petit Medhi Narjissi, joueur prometteur en Crabos a été emporté en Afrique du Sud. J'ai déjà vu des hommages, j'ai enterré des compagnons de route, mais je n'ai que très rarement assisté à une telle douleur dans un stade.
Il est arrivé à tout le monde d'entendre dire qu'il faut se lever et faire une minute d'applaudissements pour commémorer un joueur d'un club. C'est la ritournelle. Mais là, à travers les larmes des parents, du président Lacroix plus qu'ému, des copains de Medhi qui craquaient tour à tour, le peuple Toulousain a montré quelque chose d'unique : ils ne se sont pas arrêtés. Ils ne se sont pas arrêtés parce que c'est injuste et parce que c'est triste. Ils ne se sont pas arrêtés car ils étaient noir de douleur et rouge de colère.
Ma gorge s'est serrée à la vue de cet amour pour l'un des leur et hier soir, moi aussi j'étais Toulousain.
Et puis le malheur est encore venu frapper l'ovalie ce weekend. Quentin Gobet, joueur de Niort est décédé, victime d'un chauffard. Le match a été reporté et le club n'a communiqué que ce matin. Je vous partage ce texte qui montre aussi que la peine ne peut se résumer à des RIP ou des simples condoléances, pour se débarrasser d'une bien séance souvent trop négligée.
Vous pensez bien qu'en plus de 20 ans de forum sur RF, nous avons eu notre lot de malheurs. On pourrait vous reparler de Laurent Repiquet, en 2006, victime d'entrées en mêlée violentes. Son père nous a donné des nouvelles de son état de santé pendant plus de trois semaines jusqu'à nous apprendre son décès la veille de Noël.
On pourrait aussi vous parler de Fabien Capdeville lors d'un match de phase finale des réserves de Fédérale 1 en 2011. Crise cardiaque à la fin du match. Surement le pire moment pour moi, car je l'avoue aujourd'hui, j'avais eu son nom rapidement par un supporteur. Je reçois alors un message de sa copine sur le forum, inquiète, qui me demande le nom, que nous n'avions pas diffusé. Je pleure et pendant plusieurs minutes, je me demande quoi faire. Je décide de ne rien lui dire, car on n'est jamais sûr de rien et elle se devait de l'apprendre par le club, ses amis ou encore sa famille.
Quelques années plus tard, avec Christian Laclau nous avons proposé à Thierry Murie de rendre hommage à Fabien en nommant le nouveau championnat espoir : challenge Fabien Capdeville.
Et puis je pourrais aussi vous parler des anciens que nous avons côtoyés sur le forum. Le vieux, victime d'un accident du travail et devenu tétraplégique. Gambi, la légende Seynose, atteint de sclérose en plaque ou encore Jacques Bitter, le Caladois d'adoption qui m'avait accueilli en 2006 lorsque je suis arrivé à Lyon. Et puis Daniel Derrien, Dan sur le forum, un autre Caladois qui m'a rendu la vie plus facile.
Nous passons notre vie à créer de bons moments, mais aussi à dire au revoir à ceux que nous aimons. Et quand le souvenir remplace la tristesse, nous rions de certains moments, nous regrettons aussi certaines paroles, mais nous avons souvent ce petit sourire d'une mémoire unique qui nous rappelle ô combien nous les aimions.