Si la seule motivation des clubs est de coupler les espoirs avec les équipes `1 afin de mutualiser les frais de déplacements, alors le financier est en train de manger le sportif et c'est honteux pour les nouvelles générations qui pourraient se mettre en avant.
J'entends les défenseurs de cette hérésie me dire : oui, mais les déplacements coûtent trop chers, on n'a plus de match en levée de rideau qui draine du monde au stade. Détruisons tous les arguments un a un et soyons inquiets pour le devenir du rugby fédéral et amateur.
Nous avons trop de frais de déplacements
Ok, soit. Première chose, la FFR est la seule fédération qui prend en charge une partie des frais de déplacements. De surcroît, plus vous descendez dans les divisions, moins vous avez de déplacements. Sauf lorsque vous arrivez en Régionale 2 ou 3. Là, paradoxalement, les frais commencent à ré-augmenter faute de nombre suffisants dans certaines ligues. Pourquoi ? Parce qu'on a plus de 500 équipes réserves avec des championnats en bois qui pourraient alimenter ces divisions mais dont on préfère laisser en forfaits la plupart du temps.
Si un club de Nationale 2, qui connait les règles d'organisation du championnat bien à l'avance ne peut pas assurer les déplacements, mais en revanche a le premier poste de charges dans la rémunération des joueurs, c'est qu'il n'a rien à faire à ce niveau. Ce sont les clubs eux-mêmes qui ont demandé la création de cette division, alors qu'à l'époque, j'avais déjà expliqué les problèmes liés à la réduction du nombre d'équipes dans une division. Cela contribue à faire exploser les budgets (rémunération et déplacements). Mais on n'y pense pas quand on décide d'approuver ce projet.
C'est déjà le même souci en Nationale où seulement quatre ou cinq clubs ont des budgets suffisants pour y arriver. Le reste, c'est soit sportivement un échec faute de moyens comme Vienne, soit une explosion en plein vol comme Blagnac, soit un sursis inquiétant comme Hyères Carqueiranne. Tout ça, sans compter les clubs qui ne disent rien mais qui sont aussi dans le rouge.
Un championnat qui ne sert plus à rien
L'idée d'avoir des championnats espoir avec rétrogradation et promotion permettait de mettre en avant la formation et de faciliter l'intégration des joueurs en équipe première. Lors de la mise en place des espoirs fédéraux, première mouture, cette promotion/relégation a porté ses fruits puisque 30% des espoirs avaient fait au moins une feuille de match en une.
Avec le départ de Thierry Murie, les remplaçants n'ont strictement rien compris et on remis les espoirs avec les équipes 1, comme avant, quand le rugby se jouait avec des maillots en coton et des ballons qui pesaient 10 kilos par temps de pluie.
Pour comprendre à quel point tout cela relève d'une déconnexion à la réalité, Nîmes bat Rennes en quart de finale du championnat Espoirs Nationaux. Rennes porte réclamation car un joueur espoir aligné par Nîmes a effectué plus de 10 matches avec l'équipe 1.
Cette règle, on sait d'où elle vient. A l'époque, elle concerne les joueurs des réserves. Afin d'éviter qu'on aligne une équipe une éliminée à la place de la B, on a mis au point ce point de règlement qui fonctionne plutôt bien.
Sauf que dans ce cas, nous ne sommes pas dans la même catégorie. On parle de joueur espoir. S'il joue plusieurs matches en une, il s'aguerrit, et peut être un atout pour son équipe. C'est ça la formation. Sauf que là, on mélange tout en appliquant une même règle de joueur réserve à une situation qui comprend deux catégories différentes.
Et donc maintenant, la touche finale, c'est de revenir à cette ineptie. A l'arrivée, qu'importe le niveau de l'équipe espoir, son avenir est uniquement lié au parcours de l'équipe première, comme avant, maillot cotons et lourd ballons.
Et donc, nous prenons rendez-vous : augmentation des scores fleuves et des forfaits, désintéressement des joueurs et pertes de licenciés la saison prochaine dans ces catégories.
Maillots cotons et lourds ballons.