Maintien acquis dans les cinq dernières minutes, le MHR subi les foudres des amateurs de rugby sur les réseaux sociaux. Mafia, mercenaires, club friqué, tout le monde y est allé de vive voix envers le club Héraultais, qui n'a pas vraiment de raison d'être mal-aimé.
Est-ce la faute de Mohed Altrad ?
La question est posée : il y a des gens qui, quoiqu'ils fassent s'attireront les foudres. Mohed Altrad en fait partie. Homme à l'apparence froide, déterminé, chef d'entreprise accompli qui s'est offert le club Ciste il y a plus de 10 ans, il est de ces dirigeants qui sont capables de prendre des décisions qui ne sont pas toujours bien perçues. Il ne fait pas dans le politiquement correct, mais dans ce qui lui semble juste.
C'est surtout quelqu'un qui ne rentre dans aucune case, et dans un monde dans le rugby où tout est en place, où il ne faut pas faire de bruit, affirmer, se défendre et critiquer n'est pas bienvenu. Et bien sur, comme le président Altrad à l'instar de Mourad Boudjellal ont des origines méditerranéennes, il est facile de les détester.
Mohed Altrad est d'origine Syrienne et lorsqu'il est arrivé dans le rugby à la tête de Montpellier, certains présidents du Top 14 l'ont appelé le Bédouin. Façon raciste de lui faire comprendre qu'il n'était pas le bienvenu. Bien sûr, ils s'en sont défendus en disant qu'il était né dans une tribu Bédouine.
C'est sûr que d'affubler d'un colibet réducteur quelqu'un en fonction de ses origines, c'est la grande “classe”.
Pourtant, Mohed Altrad a montré son attachement à la France et au rugby à chaque prise de parole. Il sponsorise le maillot bleu, celui des Allblacks. Mais cela ne suffit pas. Il n'est pas du sérail et donc forcément on va dire qu'il n'y comprend rien. Sauf qu'à l'arrivée, le MHR a gagné par 2 fois la Challenge Cup, s'est retrouvé 3 fois en finale du championnat de France et possède désormais un Brennus en entrant dans le club très fermé des 27 clubs champions de France en 132 ans d'age.
Il est donc dans le vrai.
Est-ce vraiment un club Sud-Africain ?
Là aussi, on n'entend que ce que l'on veut bien entendre. Prenons le matche contre Grenoble. Sur la feuille de match, il y avait 15 joueurs Français du côté de Grenoble contre 14 à Montpellier. Pas une si grosse différence que ça. Il y avait 3 Sud-Africains dans l'équipe de Montpellier, soit 3 sur 23. Alors oui, le club a privilégié la filière sud-Africaine, là où d'autres clubs préfèrent la filière pacifique.
On citera par exemple La Rochelle, club bien aimé de tous, qui lors de son match contre le racing avait 2 Australiens, 2 Néo-Zélandais et 1 Samoan, sans oublier un joueur Sud-Africain.
Là encore, nous sommes dans le procès d'intention. Montpellier utiliser des joueurs étrangers dans les mêmes proportions que les autres clubs. De surcroît, Montpellier est l'un des rares clubs du Top 14 qui peut se vanter d'avoir des joueurs en équipe 1 issus de leur école de Rugby. Ce sont 8 titres depuis 2006 chez les jeunes.
Le MHR est aussi l'un des rares clubs Français à avoir gagné à la fois chez les femmes et chez les hommes. Il met son nom à côté du Stade Toulousain, du Stade Bordelais, Clermont et de l'USA Perpignan. Ils ne sont que 5 à l'avoir fait et encore, seuls le Stade Toulousain, Montpeller et le Stade Bordelais le sont sous une entité unique.
Est-ce un club de riche ?
Là encore, on prête à Montpellier des fausses vérités. Le budget du MHR est certes de 30 millions d'euros, mais c'est seulement le neuvième budget du Top 14, loin derrière Toulouse qui trône avec 46 millions, le Stade Français à 46 millions ou encore Toulon avec 39 millions.
C'est aussi le seul club dont le budget n'a pas augmenté et a donc été dépassé par des clubs comme Bordeaux-Bègles ou le Racing 92 et qui est talonné aujourd'hui par Pau et Bayonne.
Alors pourquoi ce club est le Montpellier Haït du Rugby.
Déjà, les origines et le succès de son président dérangent et c'est fort regrettable. Il est clair que de pas être Caucasien mangeur de cassoulet, c'est toujours plus difficile, surtout lorsque celui-ci peut te payer le repas en achetant le restaurant.
Le fait aussi que le club n'a pas d'histoire. Il y a une espèce de consanguinité dans le rugby qui rend très difficile l'acceptation de la nouveauté. Alors oui, Vannes est plébiscité, mais si demain Vannes joue en dehors de la bienséance ovalistique, on leur rappellera facilement qu'ils ne sont que des chapeaux ronds.
J"ai croisé plusieurs fois Mohed Altrad lorsque j'étais à la FFR. J'ai toujours été très intimidé par la personne et n'ai jamais osé l'abordé. Je le regrette, car je pense qu'une minute à l'écouter est peut-être mieux que 5 ans d'études de commerce. Quand quelqu'un, arrivé avec un billet de 200 francs à Montpellier a fait ce qu'il a fait, on devrait être admiratif et le félicité au lieu de trouver toujours des mauvaises excuses à son succès.
Pour terminer, ceux qui y verraient une ode à Montpellier, je leur rappellerais que je suis Nîmois et que j'en ai voulu à Georges Frêche d'avoir tout fait pour flinguer le sport autour de Montpellier pour mettre en avant la ville Héraultaise. Le rugby, c'était Béziers, le football et le handball c'était Nîmes. En quelques décénnies, tout est devenu Montepllierain.
Cela n'enlève rien au succès du club Héraultais qui a su saisir sa chance pour devenir un pillier du rugby de haut niveau Français. Et ça, il faut le reconnaitre.