Dans une interview accordée au Midi Olympique, Florian Grill a fait une déclaration marquante, reprise par de nombreux sites : le rugby vit au-dessus de ses moyens.
Pour une fois, nous n'allons pas contredire le président. Néanmoins, il faut essayer d'analyser la situation pour trouver des solutions et peut-être remettre de l'ordre dans la boutique financière du rugby.
Le budget total des clubs du Top 14 représente 450 millions d'euros.14 clubs, pratiquement un demi milliard. Toulouse est en tête du classement avec 46,3 millions d'euros. Le plus petit budget est celui d'Oyonnax. Voici les budgets des clubs du Top 14 pour la saison en cours :
Club | Budget 2023-2024 |
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Stade Toulousain | 46,3 M? |
Stade Français | 45,3 M? |
RC Toulon | 39,6 M? |
Lyon LOU | 37,1 M? |
Stade Rochelais | 34,9 M? |
ASM Clermont | 34,1 M? |
Union Bordeaux-Bègles | 32,9 M? |
Racing 92 | 32,1 M? |
Montpellier HR | 30,4 M? |
Section Paloise | 28,2 M? |
Aviron Bayonnais | 27,3 M? |
Castres Olympiques | 24,7 M? |
USA Perpignanais | 21 M? |
Oyonnax | 17 M? |
Le budget de Toulouse est l'équivalent des budgets des 96 clubs de Fédérale 2
Montpellier (30 millions) et Perpignan (21 millions) représentent le total des clubs de Nationale (50 millions).
Le LOU représente la somme globale des budgets de Nationale 2 (38 millions).
Toulon et Oyonnax représentent la somme total des budgets de Fédérale 1 (57 millions).
Toulouse représente à lui seul la somme totale des 96 clubs de Fédérale 2 (47 millions).
Les budgets de l'Aviron Bayonnais et de Perpignan sont équivalents aux budgets des 180 clubs de Fédérale 3 (48 millions).
Les budgets de 8 clubs du Top 14 couvrent à eux seuls les budgets cumulés de la Nationale, la Nationale 2, la Fédérale 1, Fédérale 2 et Fédérale 3, soient 362 clubs.
Le vrai problème est encore une fois la pyramide qui fait que l'argent circule au haut niveau de façon très déséquilibrée par rapport aux divisions inférieures et que cela chute vertigineusement dès qu'on descend d'une division. Pour preuve, les budgets cumulés des 16 clubs de Pro D2 représentant 140 millions d'euros, soient plus de trois fois moins que les 450 millions du Top 14.
Ainsi, pour être compétitifs, les marches sont de plus en plus élevées lorsque l'on se rapproche de l'élite.
Faire monter 6 clubs de Nationale et revenir à une Fédérale 1 de 48 clubs
Dans notre livre blanc des compétitions masculines 2024, nous proposons de réformer la pyramide. Ainsi, nous pourrions supprimer 2 clubs en Top 14 et rajouter 6 clubs en Pro D2 de la Nationale. Il n'y aura toujours que 2 promotions vers la Pro D2 et une seule vers le Top 12. En revenant à une Fédérale 1 à 48 clubs, TOUS les clubs de ces 3 premières divisions y trouveraient plus de points positifs.
Pour le Top 12, moins de matches pour les joueurs, moins de blessures. Une rétrogradation permettrait de stabiliser le système et diminuer la surenchère. 50 matches en moins pour la saison en phase régulière.
Même effet sur la Pro 24, moins de matches par club, mais plus de matches pour la division, 264 matches au lieu de 240 actuellement. Le déficit de match du rugby professionnel serait de 26 matches, mais bénéficierait d'un maillage du territoire plus important.
Lorsque l'on sait que les droits TV de la Pro D2 ont doublé en 10 ans et que cela n'a servi que les professionnels, il y a moyen de proposer de nouveaux formats de diffusion.
En ajoutant à cela le reversement des équipes espoirs dans les divisions traditionnelles, vous pouvez très bien avoir un Nafarroa / Bayonne Espoirs en ouverture d'un match élite, ou encore un LOU espoir / Stade Métropolitain. Imaginez l'aide que cela peut apporter aux clubs des divisions fédérales qui ne vivent que sur leur capacité à promouvoir leur équipe une.
Pour qu'il y ait moins d'argent, il faut qu'il y ait moins de surenchère dans le rugby. Il y a surenchère quand la compétition devient plus serrée. On le voit avec la Nationale et la Nationale 2 qui sont en grand danger. Bien sûr, il est mis en avant l'intérêt sportif. Je ne suis pas sur que Auch soit plus intéressé par une approche sportive contre La Seyne sur Mer ou encore Mâcon, que par des derbys avec des clubs du sud-ouest, et ça, seule une division à 48 clubs en amateur peut le faire et aider à renforcer les finances des clubs.