Fin février, les clubs ont été sondés pour donner leur avis sur le choix d'une date de reprise des championnats. Les clubs devaient dire s'ils préféraient le 15 octobre, le 22 octobre ou encore le 5 novembre 2023.
Santé, mais pas des pieds
Le premier problème qui se pose est déjà la durée des championnats. Lorsque j'étais à la commission des compétitions, nous avions travaillé sur des calendriers qui respectaient l'intégrité des joueurs en proposant des blocs de 3 matches et 1 weekend de repos. Il y avait aussi 2 ou 3 weekends de replis pour jouer les matches reportés.
L'idée était de sacraliser les weekends de repos afin que les joueurs puissent récupérer puisque la particularité du rugby, comme du football américain est qu'il nécessite beaucoup plus de récupération.
D'autre part, nous voyons bien que dans certains championnats, les blessures posent problème si le squad n'est pas suffisant. Cela peut engendrer des forfaits, qui, de surcroît sont plus arrangeants qu'une défaite de plus de 25 points.
L'impossibilité du calendrier
Si l'on prend, le calendrier de Fédérale 1, standard d'un championnat à 12 équipes, nous avons une phase de qualification qui se déroule sur 32 semaines, commençant le 11 septembre 2022 pour se terminer le 16 avril 2023.
Si nous décalons de 6 semaines pour passer au 15 octobre 2023, cela fait se terminer la phase de qualification le 26 mai 2024. Il y a ensuite la phase finale, phase finale qui mobilise pas moins de 7 semaines avec un weekend de repos soit 8 semaines. La phase finale commence 15 jours après la phase de qualification.
On attaquerait donc la phase finale le 9 juin, pour se terminer le 28 juillet.
Bien sûr, ce n'est pas le scénario prévu, puisqu'on ne peut terminer les championnats après le congrès de la FFR. Si on le repousse en août, ça risque de sonner creux.
De surcroît, les vacances étant là, la mobilisation sera impossible.
Les joueurs sous contrats
Là aussi nous allons au devant d'un problème, les contrats se terminants en général au mois de juin, on ajoute une charge supplémentaire au club. Autrement dit, les clubs vont devoir allonger la durée des contrats. Là aussi, on se retrouve avec un imbroglio financier et législatif.
Pas de retombées pour les clubs
Pendant la coupe du monde, les clubs pouvaient avoir la possibilité d'organiser des festivités autour de leurs matches avec en plus la diffusion des matches de la coupe du monde. Public qui reste, qui consomme, tout cela disparait pendant la phase principale de la coupe du monde.
La coupe du monde pour les clubs, c'est l'occasion d'accroitre les recettes, on leur enlève ça.
Perte de la mobilisation des joueurs
La vrai fléau des championnats est le manque de motivation des joueurs lorsque ceux-ci passent des semaines à s'entrainer sans jouer. Nous l'avions constaté en Belascain, dans une poule minée par les championnats, les clubs qui jouaient le jeu voyaient leurs joueurs qui arrêtaient de s'entrainer, puis arrêtaient le rugby pour passer à une activité qui leur apportait de la compétition et de l'implication.
Conclusion
Garder les championnats pendant la coupe du monde offre de nombreux avantages. On augmente les licenciés, on crée une dynamique avec les les supporteurs, on offre une mane financière non négligeable et on profite de relais locaux pour prendre une place plus importante par rapport aux autres sports.
Non, il ne faut pas reporter les championnats, Patrick.