Les poules et calendriers sont sortis, la nouvelle réforme a connu des rebonds de dernières minutes, mais est-ce vraiment une réforme ?
Ce qu'il s'est vraiment passé par rapport à l'avant covid
Voici une petite comparaison entre les formules avant et après Covid 19
Niveaux | Avant Covid | Après Covidd |
1 | Top 14 (14 clubs) | Top 14 (14 clubs) |
2 | Pro D2 (16 clubs) | Pro D2 (16 clubs) |
3 | Fédérale 1 (48 clubs) | Nationale (14 clubs) |
4 | Fédérale 2 (96 clubs) | Nationale 2 (24 clubs) |
5 | Fédérale 3 (180 clubs) | Fédérale 1 (48 clubs) |
6 | Honneur (211 clubs)(1) | Fédérale 2 (96 clubs) |
7 | Promotion Honneur (183 clubs)(1) | Fédérale 3 (200 clubs) |
8 | 1ère Série (226 clubs)(1) | Régionale 1 (336 clubs)(2) |
9 | 2ème Série (107 clubs)(1) | Régionale 2 (333 clubs)(2) |
10 | 3ème Série (218 clubs)(1) | Régionale 3 (235 clubs)(2) |
11 | 4ème Série (17 clubs)(1) |
(1) Basé sur les chiffres de 2019
(2) Répartition par rapport au reliquat sur base 2019
Il y a plusieurs façon de comprendre ou de lire ce tableau. La première est en rapport aux niveaux. La nouvelle organisation étire la pyramide vers le haut mais ne résout pas les problèmes de la base de la pyramide.
Démonstration à la Tuche (ou à la Sganarelle pour les érudits)
Plus on descend dans la hiérarchie, plus les divisions connaissent des écarts de niveaux.
Plus il y a d'écarts de niveaux, plus il y a de forfaits.
Plus il y a de forfaits, plus il y a de joueurs qui abandonnent le rugby.
Plus il y a de joueurs qui abandonnent le rugby, moins il y a d'effectifs dans les clubs.
Moins il y a d'effectifs dans les clubs, moins il y a de ressources financières.
Moins il y a de ressources financières, moins il y a de possibilités de jouer à un niveau supérieur.
Moins il y a de résultats, moins il y a de sponsors.
Moins il y a de sponsors, moins il y a de moyens.
Moins il y a de moyens, moins il y a de jeunes.
Moins il y a de jeunes, moins il y a de subventions.
Moins il y a de subventions, moins il y a de dirigeants.
Moins il y a de dirigeants, moins il y a de clubs.
Moins il y a de clubs, plus il y a de jeunes qui vont dans d'autres sports.
Est-ce vraiment une réforme ou une réorganisation des championnats
C'est plutôt l'effet Canada Dry. ça ressemble à une réforme, ça a la couleur d'une réforme, mais ce n'est pas une réforme. Pourquoi ?
Parce qu'on n'a pas résolu le problème des petites divisions. Pire, on a accentué le problème en appauvrissant les championnats territoriaux. Avant Covid, nous avions 962 clubs qui jouaient en séries. Aujourd'hui, nous en avons 904 et l'année prochaine 924 et dans deux ans 944. Une perte de 18 clubs ne vous semble peut-être pas énorme, mais en terme d'organisation de championnats, ça l'est, car les déplacements sont pratiquement aussi longs que dans certaines divisions fédérales avec 2 à 5 fois de budget en moins.
Ovale Ensemble est montée au créneau pour expliquer que l'on perdait l'attribution de boucliers de séries. C'est en fait un faux problème, puisque par niveau, on ne perd qu'un bouclier. Il faut comprendre que la Fédérale 3 d'aujourd'hui, n'est plus la fédérale 3 d'hier, c'est l'équivalent de la Promotion d'Honneur. La pyramide a été tirée vers le haut sans résoudre le problème d'engagement des clubs.
Les réserves : axe de défense réactionnaire des traditionalistes
On continue à vouloir maintenir les réserves en Fédérale 2 et 3 ainsi qu'en Régionale 1. C'est une absurdité qui fait extrêmement de dégâts dans les championnats. Tout d'abord, ce sont dans ces championnats qu'il y aà la fois le plus d'écarts de niveau et de forfaits. Le phénomène s'est même accentué cette année.
Si l'on parle de réforme, alors c'est là qu'il faut taper. Il y a un potentiel de plus de 600 équipes qui peuvent alimenter les championnats traditionnels. Cela veut dire, moins de distances, la possibilité d'avoir des équipes en ententes, et surtout de jouer un championnat à son niveau.
Le désespoir des espoirs
Là aussi, toute la mécanique de compétition a été détruite. Avec cette obsession de vouloir coupler les espoirs avec la 1 dans les divisions fédérales, on crée des championnats déséquilibrés avec des joueurs qui arrêtent faute de compétition intéressante.
Les espoirs, cette exception Française. Pourquoi ne pas revenir à un système cohérent avec le rugby mondial. Des juniors U20, U18, des cadets U16, U15, des U14, U12, U10, U8 et U6 voire du baby rugby. A 20 ans, on est senior.
On revoit aussi les obligations pour revenir à quelque chose qui est en adéquation avec un système logique et cohérent. Par exemple, en Nationale, on peut exiger une équipe U20, U18 et U16, ce qui correspond à la réalité d'aujourd'hui.