Je suis resté longtemps accoudé à ce bar d'une petite ville de province, les larmes aux yeux, ce 31 octobre 1999, après avoir vu ce qui était surement le plus beau match de rugby de tous les temps. Je me rappelle la semaine précédent cet événement où tout le monde donnait la France perdante. Et pourtant, j'y croyais, le disant à tout le monde. On me prenait pour un fou. L'image qui me revenait sans cesse était cet essai de Christophe Dominici à la suite d'un coup de pied de Fabien Galthié. La perfection dans l'exécution, dans le temps, dans la vitesse, un essai de virtuose.
Les fous ? Ce sont ceux qui refusent la fatalité. Nous pouvons être les spectateurs, les supporteurs, mais quand le fou est joueur, alors tout peut arriver. Christophe Dominici était un fou. Un fou d'audace, un fou d'engagement et surtout un fou de jeu. Il était l'un des meilleurs ambassadeurs de ce que l'on appelle le French Flair.
Revenons à cet essai en deuxième mi-temps. On nous montre généralement le moment où la balle lui tombe dans les bras, mais rarement ce qu'il se passe avant. Il avait senti le coup, et à force de sentir les coups comme Domi, il en fini par puer le rugby.
Matthieu Lartot a dit de Christophe qu'il représentait le romantisme du rugby. Il n'y a pas de meilleure définition de l'homme. Les Chabal et Lomu magnifiaient le jeu par leur puissance destructrice, Domi par son inspiration...
Combien de petits et petites ont rêvé à voir ce bout d'homme d'un mètre soixante-douze faire ce qu'il faisait ? Parce que, Christophe Dominici, ce n'était pas que ce 31 octobre 1999, c'était aussi le Stade Français, revenu du diable Vauvert avec des anciens de la bande à Laporte. Domi la mobylette, Domi l'insaisissable, Domi l'implacable.
Au paradis du rugby, il rejoint une autre légende qui portait le n°11, deux légendes à jamais éternelles, jamais champions du monde, mais champions pour toujours dans le monde de l'ovalie.
Salut L'artiste.