Beaucaire, 1 an déjà

Pour ne pas oublier

Hommage - Beaucaire, 1 an déjà - rugbyfederal

Il y a un an, le 26 mai 2018, le bus qui ramenait les supporteurs de Beaucaire se coucha sur la chaussée et tua plusieurs personnes. Peut-être parce que je suis attaché à cette région, peut-être que ma sensibilité en a pris plein le coffre devant cette atrocité, j'avais écrit sans trop réfléchir ce qui suit. Apparemment, cela avait touché les dirigeants et si ça a permis, ne serait-ce qu'un instant à certains de se retrouver dans l'expression de la douleur, alors c'est un moindre mal. 1 an après, le club annonce la création d'une équipe senior. La meilleure façon d'honorer la mémoire de quelqu'un n'est pas de survivre, mais de vivre. On n'oubliera jamais...

Imaginez-vous le matin, vous prenez le bus avec des amis, des enfants du club et l'on vous dit : ce soir, deux d'entre vous ne rentreront pas et beaucoup vont souffrir...

Que diriez-vous à ceux qui vous entourent ?

Je dirais au minot qui oublie toujours sa gourde que ce n'est pas bien grave. Il y aura toujours un copain pour te donner à boire parce que le rugby c'est penser à l'autre.

Je dirais à celui qui a un survêtement trop grand, qu'à la place qui reste, il faut mettre plein de jolis souvenirs, de l'amour et du bonheur parce que le rugby c'est partager.

Je dirais à celui qui a peur, que tout le monde a le droit d'avoir peur et que c'est normal et fort. Que cette peur peut se transformer en courage le moment venu parce que le rugby, c'est avancer.

Je dirais à celui qui rit de continuer à faire rire ceux qui l'entourent. Construire des souvenirs sur la connerie de ces potes parce que le rugby, ce sont trois mi-temps.

Je dirais à celui qui pleure qu'il ne sera jamais seul et que les liens d'amitié lui donneront la force pour se relever parce que le rugby c'est être ensemble.

Je dirais à celui trop timide que ses copains ont confiance en lui qu'importe les erreurs, parce que le rugby, c'est la compréhension de l'autre.

Je dirais à celui trop confiant de regarder de temps en temps sur les côtés car le rugby ne se joue pas seul.

En imaginant cela, j'aurais cette gratitude d'avoir pris le temps de pouvoir dire au-revoir, de partager un dernier regard, un dernier sourire.

Malheureusement, la brutalité de la vie nous rappelle que le temps est trop court. Un bus se penche sur la route et l'on ferme les yeux à jamais laissant les regrets et les larmes aux survivants.

Nous sommes tous l'enfant de quelqu'un, l'ami.e, parfois le parent et même l'amant.e.  Nous partons en rire voir la futilité du sport et s'amuser et nous revenons en pleurs avec du sang et des absences qui nous hanteront pour le reste de nos jours.

Alors que faire de cette boule au ventre qui nous dévore de chagrin. Peut-être regarder autour de soi et dire au sans cervelle, au gringalet, au peureux, au comique, au timide, au perso que sans eux, la vie n'a pas de sens et qu'avec eux, nous sommes meilleurs parce que le rugby, c'est une famille... Notre famille !