Lorsque vous arrivez du nord, il y a une différence marquante au niveau d'Orange. Le ciel change, il devient majestueux et si vous y prêtez attention, vous tombez amoureux de la Provence.
C'est ce qu'a du ressentir Daniel lorsqu'il a décidé de rester dans le pays des figues et des olives, des senteurs de lavande au son des cigales qui chantent jusqu'à plus tard.
Il était né à Vienne, a joué au prestigieux Racing Club de France, a connu le rugby basque, mais c'est dans cette terre de garrigues qu'il a posé ses valises d'entraîneur.
Pour Daniel, chaque rencontre était un tatouage, indélébile, mémorisée. Son éloquence était connue et puis, il aimait être aimé. Je me rappelle ce jour où je l'ai invité à voir un match à Montpellier. Je devais y aller pour présenter les nouveaux maillots au président Philippe Deffins. Bien sur, je présentai Daniel. Le président lui dit alors : vous êtes le Daniel Saubier du Racing Club de France ? Daniel répondit : Ah, quelqu'un qui connait le rugby.
Le rugby de Daniel était un rugby d'homme comme en ce jour de 2004 lors d'un match entre Millau et Nîmes. Une semaine avant, les Aveyronnais avaient battu les Gardois en finale du challenge de l'espérance. Pour Daniel, cette défaite était amer. Il avait dit alors : on ne va pas se laisser marcher dessus une deuxième fois. Ce match à Pézenas avait été haut en couleurs, à l'image du personnage et gagné par ses troupes. C'était un quart de finale de championnat de France de Fédérale 1.
Cela peut choquer aujourd'hui. Mais dans un rugby fait de tactique et de stratégie, il était un représentant du rugby de coeur.
Daniel était inscrit sur Rugbyfederal avec le pseudo "Dieu". Il ne pouvait pas en être autrement. Je savais quand il se connectait car il m'appelait à chaque fois :
« Olivier, c'est dieu ! »
« Tu m'appelles parce que tu as encore oublié ton mot de passe ? »
« Oui ! »
« C'est toujours 12345 ! »
Et puis on parlait rugby, enfin, lui me parlait de rugby, de Châteaurenard, de Nîmes, des matches, des évolutions qui le fatiguaient et rendait tout compliqué.
Je pense que le dieu du paradis ne lui tiendra pas rigueur d'avoir emprunté son pseudo et qu'ils boiront une bière parce que dieu le sait : Daniel était quelqu'un de bien.
Salut Daniel.