Hier soir, je me délectais à la lecture de Also sprach Zarathustra, de Nietzsche, impression de 1936 en caractères gothiques, bien assis dans mon canapé, accompagné d'un Yamasaki qui n'était pas sans rappeler le doux mélange d'un Highland avec un Islay, lorsque soudain la télévision vint me capter. L'équipe TV débattait de la vidéo du jeune supporteur allant faire un câlin à son idole, Neymar. Les gens présents sur le plateau se demandaient si c'était calculé, voir un coup de communication. Débat hautement philosophique sur ce qu'est devenu l'information.
De mon côté, perdu dans mes idées philologiques (oui, Nietzsche était philologue), je me disais que si ce jeune garçon était Nîmois, il fallait qu'on le retrouve, qu'on le tarte en lui expliquant qu'un supporteur de foot, s'il rentre sur le terrain pour aller voir les joueurs adverses, c'est pour lui faire des câlins à grand coup de baffes dans la tronche.
Après ce bref moment d'égarement, l'inquiétude s'empara de moi. Cette TV diabolique me faisait penser à des choses malsaines. Pire, elle semblait vouloir me formater à la haine et la violence. Et d'un seul coup, la panique... Je n'étais pas à Lourdes pour débattre et m'occuper du rugby comme je l'ai promis. Est-ce que j'allais me faire prendre par la patrouille ?
Parce que Bernard est allé travailler pour Cyril Hanouna et moi, je suis allez travailler pour Michel à Shanghai au même moment. Je me replonge donc dans cet ouvrage merveilleux et la mort de Dieu... Ah si Dieu n'existait pas... On serait 10 milliards sur terre aujourd'hui... Zut, je ne suis pas allé à Lourdes, je suis allé à Shanghai... Et c'est pas Nouna, Shanghai, c'est 25 millions d'habitants. Et puis j'ai posté des photos sur Facebook. Oh la la, Facebook, et la page Ovule Ensemble qui casse Laporte dés qu'il bouge. Au moins, ils font vivre les menuisiers, c'est bien.
Dans la panique, j'appelle certains élus, et là, je suis un peu rassuré. Les Vice-présidents ne sont pas tous là. Si les sous-fifres n'y sont pas, alors le saoul sous-fifre que je suis ne peux être inquiété, la bouteille de Yamasaki étant alors à moitié vide... Non, pleine, restons positifs. Bref, reprenons le bouquin du teuton et éteignons la TV.
Nouna, 20 000 habitants, on reproche à Bernard d'aller travailler pour Cyril à Nouna. Le Burkina Faso... Qui rime d'ailleurs avec Visio, dont on a fait baisser les coups. Alors il peut très bien bosser à Nouna et diriger la FFR, puisqu'il est le boss, le boss étant celui qui fait bosser, au même titre qu'un trottoir, c'est fait pour trotter et un tank pour...
Je me retrouve à lire ces éructations sur Facebook. Tiens ! Il y en a un qui voudrait que Bernard aille bosser à la chaîne. Bonne idée ça, encore faudrait-il qu'un animateur lui propose. Ce sera moins glorieux que de bosser pour Cyril à Nouna, mais ça lui rapportera plus d'argent, lui qui est bénévole à la FFR. On pourrait demander à Bernard Pivot, mais Laporte n'est pas basketteur. Jean-Pierre Pernaud, mais conflit d'intérêt avec Ricard !
Et pourquoi pas journaliste. Parce qu'aujourd'hui, à lire ce qu'il est écrit dans les médias sportifs, j'ai l'impression que les journalistes ne se mettent plus la plume au bon endroit. Sans compter le père spirituel des journalistes du rugby qui voit la cabane tomber sur le chien ou encore qui pense que le cochon est dans le maïs, soit toute la panoplie zoophile existante. Peut-on passer de Salviac à sale vioque en oubliant qu'hier encore avant de perdre sa licence entre La Rochelle et La Réunion, il lynchait Laporte et Camou avant de revenir à une ode nostalgique du rugby de l'ère Ferrassic pour un dernier hommage Camousien pathétique. Ne sait-il pas que lorsque l'on honore quelqu'un, on évite l'indécence de l'attaque politique du vivant.
La déchetterie journalistique est de mise dans le rugby. On oublie trop rapidement les bonnes idées, ce qui a déjà été fait et qui fonctionne. Qu'importe 45 mesures décidées en mars pour combattre les chocs et les commotions, non, Bernard n'était pas là... Qu'importe les réformes sur le rugby amateur, Laporte était en Mongolie aux frais d'Altrad... Tiens on obtient la coupe du monde... Oui mais quand même c'est pas bien. 1000 euros de dotation par an aux clubs par le Coq Sportif. Oui, mais Adidas c'était mieux ! 15 millions pour le rugby amateur... Oui, mais c'est Laporte, il aime l'argent...
Même sur internet, au lieu de passer de beaux essais, des moments de communions, on préfère sang, pains et baffes. On se focalise sur le négatif car c'est vendeur. Qui va regarder des essais si ce n'est pas Fidjien ou All Black ? Non, on veut des bouffes entre Bédarrides et Nice... On veut voir Biarritz se foutre sur la gueule avec Bayonne pendant 20 secondes même si le match dure 80 minutes.
Et après, on vient pleurer. Les parents ont peur, le rugby fait peur. Il y a même un ancien joueur qui a déclaré : je ne mettrai pas mon enfant de 9 mois au rugby... T'as raison, apprends lui à marcher avant. Et comme on réussit à faire peur, on se cherche un Zorro. Et il se met sur son 31, tendant à contribuer à l'oubli de tout ce qui a été fait. Et le jaune qui dit à Bernard de l'écouter, comme si tout était sclérosé, fermé, sans débat et sans idée. 31 propositions qui sortent du chapeau. Je terminerai donc par cette citation de mon nihiliste préféré : “Aussitôt qu'on nous montre quelque chose d'ancien dans une innovation, nous sommes apaisés.”
Je me mettrais donc sur mon 31 dans un autre article que l'on pourra appeler ; Florian Grill, Olivier éteint... Partie 2/3...